![rw-book-cover](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41uM%2BwbPryL._SL200_.jpg) ## Highlights - L’éducation est la clé de voûte de ce travail de transmission. Si elle consiste largement en l’acquisition de l’instruction, c’est-à-dire des savoirs utiles à la vie en société, elle n’a de sens que complétée par l’habileté à mobiliser les connaissances et à les associer. C’est ce que l’on nomme l’intelligence. ([Location 24](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=24)) - Le monde a connu trois grandes révolutions technologiques et économiques en deux siècles. La première s’étend de 1770 à 1850, avec les premières usines puis la machine à vapeur et le réseau de chemin de fer. La seconde de 1870 à 1910, avec la naissance de l’aviation, de l’automobile, de l’électricité et de la téléphonie. Ces inventions ont changé le monde autour des réseaux électriques et de transport. La troisième révolution a débuté vers 2000, avec l’arrivée des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives) qui vont bouleverser l’humanité. ([Location 35](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=35)) - Jamais la vitesse d’évolution de notre société et l’incertitude sur sa direction n’auront été aussi grandes. Entre les premiers hominidés il y a quelques millions d’années, jusqu’au Néolithique, vers 9000 avant J.-C., les changements au cours d’un millénaire étaient insignifiants, l’Homme évoluant très lentement. À partir du Néolithique, le rythme de l’humanité s’est accéléré : sédentarisation, apparition de l’agriculture et des villes, de systèmes administratifs, de l’écriture, explosion démographique et développement des sciences se succèdent en quelques millénaires. Il n’existe cependant quasiment aucune différence importante de connaissance technique ou médicale entre les Babyloniens du IIe millénaire avant notre ère et le XVIIe siècle en Europe. En médecine, les théories grecques de l’Antiquité, comme celle des humeurs par exemple, étaient encore des dogmes acceptés ! À partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle, le cours de l’histoire a commencé à s’accélérer, et le monde ne ressemblait plus guère en 1900 à ce qu’il était au début de l’Empire, un siècle plus tôt : mécanisation de l’industrie grâce à la vapeur, apparition de l’entreprise moderne, développement du réseau ferré… Le XXe siècle a été une époque d’accélération du rythme et de l’importance des innovations : percées technologiques et médicales, développement de la société de consommation et enfin mondialisation auront été, si l’on excepte les traumatismes des deux guerres mondiales, les totalitarismes et les génocides, les faits marquants de cette période. ([Location 54](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=54)) - L’école, sous sa forme actuelle, va mourir. ([Location 79](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=79)) - L’école fait encore aujourd’hui figure d’exception, ses méthodes, ses structures et son organisation n’ayant, pour l’essentiel, pas changé depuis plus d’un siècle. On pourrait presque dire depuis l’Antiquité. ([Location 87](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=87)) - Hannah Arendt expliquait, dans « La Crise de l’éducation2 », que chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 90](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=90)) - chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 92](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=92)) - c’est l’adulte qu’il faut à présent initier aux nouvelles technologies et à qui il faut inculquer les nouvelles clés de lecture du monde. ([Location 104](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=104)) - À partir de 20354, l’éducation deviendra une « branche de la médecine », utilisant les immenses ressources des neurosciences pour personnaliser d’abord la transmission et optimiser ensuite bioélectroniquement l’intelligence. Vers 2080, l’avènement d’un monde dominé par l’IA que nous aurons créée, mais qui pourrait nous échapper, tendra à fusionner les êtres vivants et l’intelligence. L’enjeu pour l’humanité deviendra alors de défendre la survie du corps physique, faisant le choix délibéré de conserver une attache matérielle pour éviter de se dissoudre dans le monde virtuel. ([Location 113](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=113)) - Le cerveau est certes un ordinateur « fait de viande », mais c’est un ordinateur très complexe et d’une nature différente des circuits intégrés. Sa particularité ? Grâce à l’interconnexion de ses milliards de neurones, il est capable d’appréhender des situations inconnues, d’inventer, de réagir à l’imprévu et de se « reprogrammer » en permanence. Plus que la puissance, il fallait une innovation de méthode pour permettre à une IA d’accomplir de nouveaux pas en direction de l’intelligence humaine. Avec le deep learning4, un premier pas est fait. ([Location 191](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=191)) - L’IA de deuxième génération va rapidement concurrencer les radiologues, mais paradoxalement ne peut lutter contre un médecin généraliste. Pour égaler l’omnipraticien, il faudrait une IA contextuelle capable de mémoire et de transversalité. Cette troisième génération d’IA qui émerge à peine ne serait disponible que vers 2030. Le quatrième âge de l’IA sera l’apparition d’une conscience artificielle. Une telle IA, dite forte, serait capable de produire un comportement intelligent, d’éprouver une réelle conscience de soi, des sentiments, et une compréhension de ses propres raisonnements. ([Location 208](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=208)) - Le deep learning est un système d’apprentissage et de classification, basé sur des « réseaux de neurones artificiels » numériques qui permettent à un ordinateur d’acquérir certaines capacités du cerveau humain. ([Location 229](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=229)) - La technologie du deep learning apprend à représenter le monde, ([Location 231](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=231)) - Le deep learning utilise l’apprentissage supervisé6 – comme le bébé – mais son architecture interne est différente. Avec son « réseau de neurones », il met en œuvre une machine virtuelle composée des milliers d’unités que sont ces neurones numériques. Chacun effectue de petits calculs simples. C’est l’agrégation de ces milliards de petits calculs qui donne la puissance et la capacité d’interactions, moteur de l’IA7. « La particularité, c’est que les résultats de la première couche de neurones vont servir d’entrée au calcul des autres », explique Yann Ollivier, chercheur en IA au CNRS. Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. À chaque étape – il peut y avoir jusqu’à une vingtaine de couches –, le réseau de neurones approfondit sa compréhension de l’image avec des concepts de plus en plus précis. ([Location 241](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=241)) - Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. ([Location 248](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=248)) - Désormais les ordinateurs s’éduquent plus qu’ils ne se programment. ([Location 261](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=261)) - Les logiciels s’appuyant sur de l’apprentissage statistique pourraient être influencés par un attaquant pour orienter les décisions. Les réseaux de neurones structurent désormais de très nombreux secteurs industriels et militaires sensibles qui pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. Cela pose deux questions : qui définit les normes éducatives de l’IA et quel degré d’autonomie lui donne-t-on ? ([Location 273](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=273)) - pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. ([Location 275](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=275)) - neurones du deep learning. De cette façon, l’IA s’industrialise. L’explosion de l’IA naît de la capacité d’ordinateurs toujours plus puissants à intégrer les millions de milliards de données de l’ère du « Big Data ». ([Location 298](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=298)) - Aujourd’hui, plusieurs approches extrêmement novatrices, qui reposent en particulier sur le couplage du séquençage de l’ADN ou des instruments d’astrophysique avec l’IA, nous renseignent sur notre lointaine histoire. ([Location 315](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=315)) - L’enjeu de l’IA est ainsi un enjeu d’éducation. On ne peut plus parler d’IA aujourd’hui sans parler d’école. ([Location 367](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=367)) - Les milliards d’internautes abandonnent aux grands opérateurs du numérique un véritable trésor : leur patrimoine social, économique, émotionnel. Que font ces géants de cette fortune numérique ? Ils créent un nouveau monde : celui de l’Intelligence Artificielle. Il y a deux IA. L’IA faible6 et l’IA forte7. L’IA faible est limitée au sens où elle effectue ce qu’on lui a appris à faire dans un domaine déterminé. Elle est puissante mais elle reste sous contrôle humain. L’IA forte serait une intelligence surpuissante et qui, surtout, aurait conscience d’elle-même, conscience au sens humain du terme. Elle pourrait développer son propre projet, échappant ainsi à ses créateurs. Ce n’est heureusement pas pour tout de suite. ([Location 498](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=498)) - La question posée par les économistes et les politiques est en effet de savoir si les robots et l’IA ne vont pas se substituer à l’Homme. Les plus optimistes font référence au concept de destruction créatrice proposé par l’économiste Schumpeter selon lequel toute rupture technologique entraîne la disparition d’activités anciennes mais en génère d’autres, plus créatrices. De fait, depuis la première révolution industrielle jusqu’à la révolution informatique de la fin du XXe siècle, le principe de Schumpeter s’est toujours vérifié. Au fil de ces ruptures, nos sociétés sont passées du stade agricole au stade industriel avant d’arriver à l’ère postindustrielle, centrée sur les activités de services. Dès lors, pourquoi la mutation qui s’annonce ne déboucherait-elle pas, à son tour, sur une situation positive ? ([Location 509](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=509)) - Les bulles sont indispensables pour financer les révolutions technologiques. La bulle des chemins de fer a certes ruiné bien des investisseurs américains au XIXe siècle, mais elle a permis de bâtir le réseau ferré. La bulle de l’Internet en 2000 a ruiné de nombreux épargnants crédules, mais a permis de faire émerger l’infrastructure numérique. Les bulles construisent le futur au détriment des pigeons. ([Location 569](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=569)) - Une mécanique imparable est amorcée par le véritable « datanami » – le tsunami de données – qui déferle sur le monde. Avec le développement de l’Internet des objets, nous produisons des quantités inimaginables de données. Une aile du nouvel Airbus A380 comporte mille capteurs électroniques… Ces données ne peuvent être traitées que grâce à l’utilisation de l’IA. Ce tsunami de données, en retour, est la nourriture qui permet à l’IA de devenir plus puissante de jour en jour, et d’accroître la valeur de ses analyses. ([Location 576](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=576)) - La complexité de l’IA exclut qu’elle soit évaluée par un cerveau humain : seule l’IA peut surveiller et évaluer une IA. ([Location 620](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=620)) - Grâce à une puissante Intelligence Artificielle, ces appareils liront littéralement dans notre cerveau, bouleversant les méthodes éducatives. Il faudra faire entrer à l’école des spécialistes des neurosciences, puisque l’enseignant du futur sera fondamentalement un « neuroculteur », c’est-à-dire un cultivateur de cerveaux. Victor Hugo en avait déjà l’intuition lorsqu’il expliquait que les maîtres d’école sont les jardiniers de l’intelligence humaine. L’introduction des appareils de Facebook améliorera certes les techniques éducatives mais exigera parallèlement une réflexion neuroéthique approfondie : l’école ne doit pas devenir une institution neuromanipulatrice. ([Location 665](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=665)) - l’humanité ne devrait avoir aucun scrupule à utiliser toutes les possibilités offertes par la science pour faire de l’Homme un être en perpétuelle évolution, perfectible jour après jour par lui-même. L’Homme du futur serait ainsi comme un site Web, à tout jamais une « version béta », voué à se perfectionner en continu. Nos cellules et nos cerveaux seraient mis à jour en permanence tels une App de nos smartphones. ([Location 713](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=713)) - Ray Kurzweil résume ainsi : « Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique. » ([Location 745](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=745)) - Certains prospectivistes et économistes affirment cependant qu’il n’y a aucun doute que l’Intelligence Artificielle sera complémentaire de l’homme pour l’augmenter… En réalité, il n’y a aucune limite au développement de l’Intelligence Artificielle. Tout ce que nous permet de faire notre cerveau pourra être fait par l’Intelligence Artificielle. Notre intelligence sera challengée par l’Intelligence Artificielle qui modélisera toutes ses capacités sans exception », estime Stéphane Mallard, « évangéliste numérique » très médiatisé. On ne saurait mieux décrire le projet transhumaniste. ([Location 751](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=751)) - Dans un livre saisissant, The Beginning and the End18, Clément Vidal développe cette théorie étourdissante : l’univers n’est peut-être que la production d’une entité hyper-intelligente qui aurait connu un parcours semblable à l’humanité, accédant à l’immortalité, et aurait recréé un univers lorsque le sien avait fini son temps… À notre tour, quand notre système solaire, puis la galaxie et enfin l’univers arriveront à leur terme, certains transhumanistes pensent que nous aurons atteint un stade de développement technologique qui nous permettra de survivre en créant un nouvel univers. ([Location 781](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=781)) - médicale. Il résume le dilemme de l’humanité en quelques mots : « L’IA va nous aider à faire des bonds inimaginables dans notre compréhension du monde… mais seulement si nous autorisons les algorithmes à apprendre par eux-mêmes20. » Si nous voulons vaincre la mort, la maladie, il faudra permettre à l’IA de penser autrement et d’explorer le monde avec d’autres schémas cognitifs que les nôtres. Autrement dit, il faudra accepter que l’IA devienne forte. Et donc potentiellement hostile. ([Location 810](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=810)) - En novembre 2016, Mark Zuckerberg a annoncé qu’il consacrerait 99 % de sa fortune à promouvoir l’éducation personnalisée, les innovations médicales et l’égalité sociale. ([Location 884](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=884)) - Apprendre reste pour les humains un processus pénible et lent. Les compétences de notre cerveau s’acquièrent encore plus difficilement : les savoirs manuels (les tours de main, mais aussi la danse, le jeu d’un instrument…) demandent des milliers d’heures de répétition pour parfaire le geste et les attitudes du corps. L’IA est pour sa part dans une temporalité sans commune mesure. Avec le deep learning, la vitesse d’évolution de l’IA est foudroyante. Quelques minutes suffisent à engranger et traiter des montagnes de données. L’évolution de l’IA est à l’apprentissage humain et au temps institutionnel ce que le clin d’œil est à la pousse d’un chêne adulte. Ces désynchronisations sont redoutables : elles laissent le politique sur place, pendant que l’économie et plus encore la « sphère technologique » en pleine autonomisation courent loin, très loin devant. ([Location 932](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=932)) - La phrase de Montesquieu5 est bien connue : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » La solution : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » ([Location 956](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=956)) - Il insiste notamment sur le moment de la petite enfance, déterminant dans le développement des individus : un million de synapses se créent chaque seconde dans le cerveau d’un enfant de trois ans… Un rythme que bien sûr l’individu ne retrouve plus jamais ensuite. La petite enfance est le moment où la plasticité du cerveau est maximale. C’est à un renversement radical des pratiques en ce domaine que le rapport invite : alors que le personnel des crèches est recruté au niveau CAP, c’est bien plutôt de bac +5 diplômés en neurosciences dont les enfants auraient besoin ! Il est urgent d’entourer nos enfants, surtout les plus petits, de spécialistes de la transmission de connaissances. Cela impliquerait notamment de cesser de sous-payer nos enseignants : il n’est pas normal que ceux qui cultivent les cerveaux biologiques soient cent fois moins bien payés que les programmeurs qui nourrissent l’IA… Il n’est pas excessif de dire que nous sommes bien imprudents, voire masochistes, de laisser les QI les plus élevés de la planète éduquer les cerveaux de silicium, tandis que l’école des cerveaux humains est en jachère. ([Location 1001](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1001)) - La menace de décrochage neuronal de notre population est au fond plus préoccupante que la menace terroriste. Un seul chiffre suffit à montrer cette urgence et combien nous sommes loin du compte : en 2017, 17 % des jeunes Français entre quinze et vingt-neuf ans appartenaient à la catégorie NEET11, c’est-à-dire qu’ils n’étaient ni étudiants, ni en formation, ni employés… autrement dit perdus dans une impasse totale et ne pouvant placer leurs espoirs que dans des formes d’allocations pour survivre. ([Location 1020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1020)) - l’intelligence est donc la capacité à trier les éléments disponibles – cueillir ceux qui sont pertinents – et à les lier entre eux. C’est « l’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle2 ([Location 1084](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1084)) - Lorsqu’elle est mise en lien avec l’action, l’intelligence est proche de la définition habituelle que l’on donne de la rationalité : elle est la capacité de choisir ses moyens d’action en fonction des circonstances pour atteindre au mieux la fin que l’on s’est fixée. L’intelligence est alors caractérisée par l’efficacité avec laquelle il sera possible d’atteindre un objectif. ([Location 1091](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1091)) - Certains évoquent la moindre reproduction des personnes intelligentes10 ou plus exactement, la facilité plus grande pour les moins douées, grâce à notre système de solidarité, à se reproduire. La ([Location 1146](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1146)) - La neurologie donne un point de vue bien particulier sur l’apprentissage. Qu’est-ce en effet qu’apprendre d’un point de vue neuronal ? Créer des connexions entre neurones18. Qu’est-ce que se souvenir ? Activer des connexions neuronales déjà créées. Les observations qui ont été faites sur le fonctionnement du cerveau aident notamment à comprendre dans quelles conditions et avec quels leviers on apprend le mieux19 : on retiendra quelque chose si on y voit un intérêt pour notre survie, si cela est lié à une émotion ou si cela fait écho à quelque chose que l’on sait déjà – ce sont les fameux « moyens mnémotechniques » que nous utilisons tous. Les dernières découvertes concernant le cerveau ont mis en évidence sa fantastique plasticité : même si avec l’âge les changements sont plus difficiles, le cerveau est capable durant toute la vie de supprimer et de recréer des liens entre neurones. En 24 heures, 10 % des connexions synaptiques sont remplacées dans certains groupes de neurones20 ! Ce qui caractérise l’identité génétique d’un cerveau donné n’est pas « sa structure », car il n’y en a pas a priori, mais bien sa capacité à apprendre. Le cerveau doit sa grande valeur non pas à ce qu’il est mais à sa capacité à s’adapter. ([Location 1204](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1204)) - Durant des millénaires, les hommes se sont battus pour conquérir des territoires. Il s’agissait d’abord d’assurer l’accès aux ressources fondamentales : produits agricoles et matières premières. Dans le monde né de la révolution industrielle devenu particulièrement énergivore, les ressources énergétiques sont devenues le socle de toutes les puissances et l’objet de bien des conflits. Les XIXe et XXe siècles auront été respectivement les siècles du charbon et du pétrole. Le XXIe est d’ores et déjà celui de l’intelligence1. Pourquoi est-il important d’attirer les intelligences ? Pourquoi est-elle l’objet de toutes les convoitises ? Parce que l’innovation, qui doit tout à l’intelligence, est devenue le moteur de la société numérique. Dans un monde caractérisé par la surabondance de l’information et l’évolution extrêmement rapide des technologies reposant sur un besoin constant d’innovation, l’intelligence devient centrale : la capacité de discrimination, de synthèse et d’articulation créative de ces informations est le principal moteur de la création de valeur. ([Location 1297](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1297)) - Les chercheurs ont même montré que la relation n’était pas linéaire mais exponentielle11. Autrement dit, plus le QI est haut, plus il a d’effet sur le salaire : un gain de 5 points de QI multiplie le salaire par 1,45 ; un gain de 10 points se traduit par un doublement du salaire. ([Location 1373](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1373)) - dans le monde dans lequel nous vivons désormais, quelques gamins au QI de 165 créent plus de richesse15 pour une nation qu’un million de travailleurs au QI de 95… Du coup, les écarts de revenus entre individus à forte et à faible capacité cognitive explosent. ([Location 1392](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1392)) - Une première explication aux faibles résultats de l’école est qu’elle ne reçoit pas les enfants assez longtemps pour compenser les différences d’environnement familial. Pour un enfant d’âge scolaire, l’école ne représente en France jamais plus de 20 % du temps éveillé ; la famille reste l’endroit où l’enfant passe la grande majorité de son temps. ([Location 1555](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1555)) - En synthèse, il est aujourd’hui établi que notre ADN détermine au moins 50 % de notre intelligence. Les environnements familial et scolaire doivent se partager une part déjà minoritaire. ([Location 1628](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1628)) - C’est la plus ou moins grande plasticité du cerveau qui fait la capacité à apprendre ; et c’est précisément cette plasticité qui est plus ou moins grande selon les individus au départ. Et c’est la neuroplasticité que mesure le QI et donc la capacité à apprendre. ([Location 1638](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1638)) - La peur de voir la mécanisation remplacer les emplois est aussi ancienne que la mécanisation elle-même et donc que le travail. Historiquement, elle s’est toujours révélée infondée car la hausse de la productivité a été compensée par la hausse de la demande de biens et par la montée en compétence des travailleurs qui trouvaient ainsi de nouveaux emplois. ([Location 1813](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1813)) - Bill Gates : « La substitution par des logiciels, qu’il s’agisse de conduire, de servir au restaurant ou de donner des soins infirmiers progresse. La technologie va avec le temps réduire le nombre d’emplois, en particulier les moins qualifiés d’entre eux. Dans vingt ans, la demande de travail correspondant à de nombreuses compétences sera substantiellement plus basse. Je ne crois pas que les gens aient intégré cela dans leur modèle mental14. » Justin Reich, ([Location 2020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2020)) - La quasi-totalité des emplois qui existaient en 1800 ont disparu : 80 % de la population travaillaient alors pour l’agriculture. ([Location 2034](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2034)) - D’un point de vue économique, la plupart des prédictions sont apocalyptiques. Une étude de l’université d’Oxford réalisée en 2013 passe en revue 702 types d’emplois présents aux États-Unis, et annonce que près d’un emploi américain sur deux (47 %) a un risque élevé d’être affecté par la technologie et 19 % ont un risque moyen. Au total, ce sont donc 66 % des emplois qui pourraient disparaître dans les vingt ans qui viennent. Le rapport du Pew Research Center prévoit que le marché du travail sera bouleversé dès 2025. ([Location 2108](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2108)) - Comme le disait dès 1970 le futurologue Alvin Toffler, « les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre ». ([Location 2116](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2116)) - La société américaine Knewton a mis au point un logiciel qui utilise les données collectées au cours du travail de l’élève ou de l’étudiant pour préconiser des sujets à étudier. Plusieurs millions d’élèves utiliseraient déjà ce type de logiciels dans le monde. ([Location 2377](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2377)) - Emmanuel Davidenkoff7, les innovations pédagogiques se multiplient dans les universités et écoles supérieures, remettant en cause les structures établies. ([Location 2391](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2391)) - La complexité neurotechnologique de l’éducation se résume en trois points clés : – L’apprentissage modifie dynamiquement l’organisation du cerveau : suivre un simple cours crée, détruit et modifie des milliers de milliards de synapses et crée même de nouveaux neurones. – L’architecture du cerveau à un moment donné – son câblage et sa dynamique électrochimique – influence massivement la capacité d’apprendre. – Les méthodes pédagogiques elles-mêmes influencent les effets de l’éducation sur l’organisation du cerveau. Le cerveau est donc un ordinateur atypique : le hardware et le software9 sont fusionnés. Une telle complexité impose un immense travail de réflexion sur la neuroéducation dans les prochaines décennies pour que l’éducation quitte son amateurisme. Il n’y aura aucune réponse universelle, simple et intuitive. L’éducation personnalisée sera aussi complexe que la médecine personnalisée. ([Location 2438](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2438)) - Ce n’est pas parce qu’une technologie est ubiquitaire que tout le monde doit s’y former : a-t-on envisagé que 100 % des jeunes deviendraient électriciens en 1895, lorsque l’électricité s’est généralisée et est devenue la base de la deuxième révolution industrielle ? ([Location 2514](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2514)) - Le Montessori du XXIe siècle sera celui qui unira cette dimension technologique avec les capacités d’entraînement du professeur. Le futur n’est pas au robot précepteur faisant ingurgiter la connaissance à un enfant isolé, séparé de ses copains. Le développement de l’intelligence collectivepasse par le travail de groupe. L’enseignant doit être un catalyseur qui fait aimer la connaissance à l’enfant. L’esprit critique est essentiel à l’ère de l’obésité informationnelle : trier les messages est fondamental. ([Location 2666](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2666)) - o ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821)) - La réunion d’immenses bases de données, d’une puissance informatique croissante et d’algorithmes d’apprentissage automatique, réunis principalement chez les géants du numérique américains et chinois, a accéléré la progression de l’Intelligence Artificielle, surprenant même ses promoteurs. o Les robots et l’IA ne sont aucunement responsables du chômage en France. Bien au contraire, les régions les plus automatisées ont des taux de chômage quasi nuls : Bavière, Suisse, Scandinavie, Singapour, Corée du Sud, Californie… o Le chômage structurel français est lié à une mauvaise politique micro-économique, à un abandon du système de formation professionnelle, à des lobbies professionnels patronaux et ouvriers incompétents et à la démission de l’Éducation nationale. Avant même la révolution des automates intelligents, notre système scolaire et de formation est de toute façon inadapté. o Symptôme de cette inadaptation, en 2017, à la veille du tsunami de l’IA, 17 % des jeunes Français, entre quinze et vingt-neuf ans, sont des NEETs (young people Not in Education, Employment, or Training). o Parallèlement, une bulle médiatique et financière s’est développée autour de l’IA : les attentes sont devenues impossibles à satisfaire. C’est particulièrement le cas pour les agents conversationnels – les chatbots – qui vont entraîner de grandes déceptions. o Ce constat ne doit pas nous endormir. Il faut, au contraire, mettre à profit la pause qui va succéder à l’éclatement probable de cette bulle pour nous préparer aux étapes ultérieures qui seront difficiles à gérer. La désynchronisation des rythmes de l’IA, de nos cerveaux et des institutions va entraîner des frictions sociales importantes. o À partir de 2030, des IA plus transversales dotées progressivement de bon sens, et associées à des robots polyvalents à prix abordables, vont modifier profondément le marché du travail. o L’industrialisation de l’intelligence, qu’elle soit biologique ou artificielle, va bouleverser les fondements mêmes de l’organisation politique et sociale. o Nous devons gérer cette révolution alors même que notre compréhension de ce qu’est vraiment l’intelligence est indigente. Notre anthropomorphisme, nos biais cognitifs et la projection de nos fantasmes et peurs sur l’IA rendent de surcroît difficile une vision rationnelle et partagée des risques. o La démocratisation de l’intelligence biologique est chaque jour plus impérative, même si les élites politiques et économiques se sont toujours parfaitement accommodées des énormes différences de capacités intellectuelles. o L’école des cerveaux biologiques aura – dans le monde entier – de plus en plus de mal à courir après l’école de l’Intelligence Artificielle. o Les inégalités cognitives, approchées par le QI – indicateur mal adapté pour appréhender notre place au côté de l’IA –, posent un problème social, politique et philosophique angoissant : dans une société de la connaissance, les écarts de capacités cognitives entraînent des différences… ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821)) ![rw-book-cover](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41uM%2BwbPryL._SL200_.jpg) ## Highlights - L’éducation est la clé de voûte de ce travail de transmission. Si elle consiste largement en l’acquisition de l’instruction, c’est-à-dire des savoirs utiles à la vie en société, elle n’a de sens que complétée par l’habileté à mobiliser les connaissances et à les associer. C’est ce que l’on nomme l’intelligence. ([Location 24](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=24)) - Le monde a connu trois grandes révolutions technologiques et économiques en deux siècles. La première s’étend de 1770 à 1850, avec les premières usines puis la machine à vapeur et le réseau de chemin de fer. La seconde de 1870 à 1910, avec la naissance de l’aviation, de l’automobile, de l’électricité et de la téléphonie. Ces inventions ont changé le monde autour des réseaux électriques et de transport. La troisième révolution a débuté vers 2000, avec l’arrivée des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives) qui vont bouleverser l’humanité. ([Location 35](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=35)) - Jamais la vitesse d’évolution de notre société et l’incertitude sur sa direction n’auront été aussi grandes. Entre les premiers hominidés il y a quelques millions d’années, jusqu’au Néolithique, vers 9000 avant J.-C., les changements au cours d’un millénaire étaient insignifiants, l’Homme évoluant très lentement. À partir du Néolithique, le rythme de l’humanité s’est accéléré : sédentarisation, apparition de l’agriculture et des villes, de systèmes administratifs, de l’écriture, explosion démographique et développement des sciences se succèdent en quelques millénaires. Il n’existe cependant quasiment aucune différence importante de connaissance technique ou médicale entre les Babyloniens du IIe millénaire avant notre ère et le XVIIe siècle en Europe. En médecine, les théories grecques de l’Antiquité, comme celle des humeurs par exemple, étaient encore des dogmes acceptés ! À partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle, le cours de l’histoire a commencé à s’accélérer, et le monde ne ressemblait plus guère en 1900 à ce qu’il était au début de l’Empire, un siècle plus tôt : mécanisation de l’industrie grâce à la vapeur, apparition de l’entreprise moderne, développement du réseau ferré… Le XXe siècle a été une époque d’accélération du rythme et de l’importance des innovations : percées technologiques et médicales, développement de la société de consommation et enfin mondialisation auront été, si l’on excepte les traumatismes des deux guerres mondiales, les totalitarismes et les génocides, les faits marquants de cette période. ([Location 54](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=54)) - L’école, sous sa forme actuelle, va mourir. ([Location 79](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=79)) - L’école fait encore aujourd’hui figure d’exception, ses méthodes, ses structures et son organisation n’ayant, pour l’essentiel, pas changé depuis plus d’un siècle. On pourrait presque dire depuis l’Antiquité. ([Location 87](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=87)) - Hannah Arendt expliquait, dans « La Crise de l’éducation2 », que chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 90](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=90)) - chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 92](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=92)) - c’est l’adulte qu’il faut à présent initier aux nouvelles technologies et à qui il faut inculquer les nouvelles clés de lecture du monde. ([Location 104](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=104)) - À partir de 20354, l’éducation deviendra une « branche de la médecine », utilisant les immenses ressources des neurosciences pour personnaliser d’abord la transmission et optimiser ensuite bioélectroniquement l’intelligence. Vers 2080, l’avènement d’un monde dominé par l’IA que nous aurons créée, mais qui pourrait nous échapper, tendra à fusionner les êtres vivants et l’intelligence. L’enjeu pour l’humanité deviendra alors de défendre la survie du corps physique, faisant le choix délibéré de conserver une attache matérielle pour éviter de se dissoudre dans le monde virtuel. ([Location 113](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=113)) - Le cerveau est certes un ordinateur « fait de viande », mais c’est un ordinateur très complexe et d’une nature différente des circuits intégrés. Sa particularité ? Grâce à l’interconnexion de ses milliards de neurones, il est capable d’appréhender des situations inconnues, d’inventer, de réagir à l’imprévu et de se « reprogrammer » en permanence. Plus que la puissance, il fallait une innovation de méthode pour permettre à une IA d’accomplir de nouveaux pas en direction de l’intelligence humaine. Avec le deep learning4, un premier pas est fait. ([Location 191](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=191)) - L’IA de deuxième génération va rapidement concurrencer les radiologues, mais paradoxalement ne peut lutter contre un médecin généraliste. Pour égaler l’omnipraticien, il faudrait une IA contextuelle capable de mémoire et de transversalité. Cette troisième génération d’IA qui émerge à peine ne serait disponible que vers 2030. Le quatrième âge de l’IA sera l’apparition d’une conscience artificielle. Une telle IA, dite forte, serait capable de produire un comportement intelligent, d’éprouver une réelle conscience de soi, des sentiments, et une compréhension de ses propres raisonnements. ([Location 208](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=208)) - Le deep learning est un système d’apprentissage et de classification, basé sur des « réseaux de neurones artificiels » numériques qui permettent à un ordinateur d’acquérir certaines capacités du cerveau humain. ([Location 229](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=229)) - La technologie du deep learning apprend à représenter le monde, ([Location 231](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=231)) - Le deep learning utilise l’apprentissage supervisé6 – comme le bébé – mais son architecture interne est différente. Avec son « réseau de neurones », il met en œuvre une machine virtuelle composée des milliers d’unités que sont ces neurones numériques. Chacun effectue de petits calculs simples. C’est l’agrégation de ces milliards de petits calculs qui donne la puissance et la capacité d’interactions, moteur de l’IA7. « La particularité, c’est que les résultats de la première couche de neurones vont servir d’entrée au calcul des autres », explique Yann Ollivier, chercheur en IA au CNRS. Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. À chaque étape – il peut y avoir jusqu’à une vingtaine de couches –, le réseau de neurones approfondit sa compréhension de l’image avec des concepts de plus en plus précis. ([Location 241](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=241)) - Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. ([Location 248](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=248)) - Désormais les ordinateurs s’éduquent plus qu’ils ne se programment. ([Location 261](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=261)) - Les logiciels s’appuyant sur de l’apprentissage statistique pourraient être influencés par un attaquant pour orienter les décisions. Les réseaux de neurones structurent désormais de très nombreux secteurs industriels et militaires sensibles qui pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. Cela pose deux questions : qui définit les normes éducatives de l’IA et quel degré d’autonomie lui donne-t-on ? ([Location 273](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=273)) - pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. ([Location 275](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=275)) - neurones du deep learning. De cette façon, l’IA s’industrialise. L’explosion de l’IA naît de la capacité d’ordinateurs toujours plus puissants à intégrer les millions de milliards de données de l’ère du « Big Data ». ([Location 298](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=298)) - Aujourd’hui, plusieurs approches extrêmement novatrices, qui reposent en particulier sur le couplage du séquençage de l’ADN ou des instruments d’astrophysique avec l’IA, nous renseignent sur notre lointaine histoire. ([Location 315](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=315)) - L’enjeu de l’IA est ainsi un enjeu d’éducation. On ne peut plus parler d’IA aujourd’hui sans parler d’école. ([Location 367](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=367)) - Les milliards d’internautes abandonnent aux grands opérateurs du numérique un véritable trésor : leur patrimoine social, économique, émotionnel. Que font ces géants de cette fortune numérique ? Ils créent un nouveau monde : celui de l’Intelligence Artificielle. Il y a deux IA. L’IA faible6 et l’IA forte7. L’IA faible est limitée au sens où elle effectue ce qu’on lui a appris à faire dans un domaine déterminé. Elle est puissante mais elle reste sous contrôle humain. L’IA forte serait une intelligence surpuissante et qui, surtout, aurait conscience d’elle-même, conscience au sens humain du terme. Elle pourrait développer son propre projet, échappant ainsi à ses créateurs. Ce n’est heureusement pas pour tout de suite. ([Location 498](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=498)) - La question posée par les économistes et les politiques est en effet de savoir si les robots et l’IA ne vont pas se substituer à l’Homme. Les plus optimistes font référence au concept de destruction créatrice proposé par l’économiste Schumpeter selon lequel toute rupture technologique entraîne la disparition d’activités anciennes mais en génère d’autres, plus créatrices. De fait, depuis la première révolution industrielle jusqu’à la révolution informatique de la fin du XXe siècle, le principe de Schumpeter s’est toujours vérifié. Au fil de ces ruptures, nos sociétés sont passées du stade agricole au stade industriel avant d’arriver à l’ère postindustrielle, centrée sur les activités de services. Dès lors, pourquoi la mutation qui s’annonce ne déboucherait-elle pas, à son tour, sur une situation positive ? ([Location 509](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=509)) - Les bulles sont indispensables pour financer les révolutions technologiques. La bulle des chemins de fer a certes ruiné bien des investisseurs américains au XIXe siècle, mais elle a permis de bâtir le réseau ferré. La bulle de l’Internet en 2000 a ruiné de nombreux épargnants crédules, mais a permis de faire émerger l’infrastructure numérique. Les bulles construisent le futur au détriment des pigeons. ([Location 569](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=569)) - Une mécanique imparable est amorcée par le véritable « datanami » – le tsunami de données – qui déferle sur le monde. Avec le développement de l’Internet des objets, nous produisons des quantités inimaginables de données. Une aile du nouvel Airbus A380 comporte mille capteurs électroniques… Ces données ne peuvent être traitées que grâce à l’utilisation de l’IA. Ce tsunami de données, en retour, est la nourriture qui permet à l’IA de devenir plus puissante de jour en jour, et d’accroître la valeur de ses analyses. ([Location 576](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=576)) - La complexité de l’IA exclut qu’elle soit évaluée par un cerveau humain : seule l’IA peut surveiller et évaluer une IA. ([Location 620](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=620)) - Grâce à une puissante Intelligence Artificielle, ces appareils liront littéralement dans notre cerveau, bouleversant les méthodes éducatives. Il faudra faire entrer à l’école des spécialistes des neurosciences, puisque l’enseignant du futur sera fondamentalement un « neuroculteur », c’est-à-dire un cultivateur de cerveaux. Victor Hugo en avait déjà l’intuition lorsqu’il expliquait que les maîtres d’école sont les jardiniers de l’intelligence humaine. L’introduction des appareils de Facebook améliorera certes les techniques éducatives mais exigera parallèlement une réflexion neuroéthique approfondie : l’école ne doit pas devenir une institution neuromanipulatrice. ([Location 665](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=665)) - l’humanité ne devrait avoir aucun scrupule à utiliser toutes les possibilités offertes par la science pour faire de l’Homme un être en perpétuelle évolution, perfectible jour après jour par lui-même. L’Homme du futur serait ainsi comme un site Web, à tout jamais une « version béta », voué à se perfectionner en continu. Nos cellules et nos cerveaux seraient mis à jour en permanence tels une App de nos smartphones. ([Location 713](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=713)) - Ray Kurzweil résume ainsi : « Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique. » ([Location 745](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=745)) - Certains prospectivistes et économistes affirment cependant qu’il n’y a aucun doute que l’Intelligence Artificielle sera complémentaire de l’homme pour l’augmenter… En réalité, il n’y a aucune limite au développement de l’Intelligence Artificielle. Tout ce que nous permet de faire notre cerveau pourra être fait par l’Intelligence Artificielle. Notre intelligence sera challengée par l’Intelligence Artificielle qui modélisera toutes ses capacités sans exception », estime Stéphane Mallard, « évangéliste numérique » très médiatisé. On ne saurait mieux décrire le projet transhumaniste. ([Location 751](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=751)) - Dans un livre saisissant, The Beginning and the End18, Clément Vidal développe cette théorie étourdissante : l’univers n’est peut-être que la production d’une entité hyper-intelligente qui aurait connu un parcours semblable à l’humanité, accédant à l’immortalité, et aurait recréé un univers lorsque le sien avait fini son temps… À notre tour, quand notre système solaire, puis la galaxie et enfin l’univers arriveront à leur terme, certains transhumanistes pensent que nous aurons atteint un stade de développement technologique qui nous permettra de survivre en créant un nouvel univers. ([Location 781](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=781)) - médicale. Il résume le dilemme de l’humanité en quelques mots : « L’IA va nous aider à faire des bonds inimaginables dans notre compréhension du monde… mais seulement si nous autorisons les algorithmes à apprendre par eux-mêmes20. » Si nous voulons vaincre la mort, la maladie, il faudra permettre à l’IA de penser autrement et d’explorer le monde avec d’autres schémas cognitifs que les nôtres. Autrement dit, il faudra accepter que l’IA devienne forte. Et donc potentiellement hostile. ([Location 810](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=810)) - En novembre 2016, Mark Zuckerberg a annoncé qu’il consacrerait 99 % de sa fortune à promouvoir l’éducation personnalisée, les innovations médicales et l’égalité sociale. ([Location 884](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=884)) - Apprendre reste pour les humains un processus pénible et lent. Les compétences de notre cerveau s’acquièrent encore plus difficilement : les savoirs manuels (les tours de main, mais aussi la danse, le jeu d’un instrument…) demandent des milliers d’heures de répétition pour parfaire le geste et les attitudes du corps. L’IA est pour sa part dans une temporalité sans commune mesure. Avec le deep learning, la vitesse d’évolution de l’IA est foudroyante. Quelques minutes suffisent à engranger et traiter des montagnes de données. L’évolution de l’IA est à l’apprentissage humain et au temps institutionnel ce que le clin d’œil est à la pousse d’un chêne adulte. Ces désynchronisations sont redoutables : elles laissent le politique sur place, pendant que l’économie et plus encore la « sphère technologique » en pleine autonomisation courent loin, très loin devant. ([Location 932](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=932)) - La phrase de Montesquieu5 est bien connue : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » La solution : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » ([Location 956](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=956)) - Il insiste notamment sur le moment de la petite enfance, déterminant dans le développement des individus : un million de synapses se créent chaque seconde dans le cerveau d’un enfant de trois ans… Un rythme que bien sûr l’individu ne retrouve plus jamais ensuite. La petite enfance est le moment où la plasticité du cerveau est maximale. C’est à un renversement radical des pratiques en ce domaine que le rapport invite : alors que le personnel des crèches est recruté au niveau CAP, c’est bien plutôt de bac +5 diplômés en neurosciences dont les enfants auraient besoin ! Il est urgent d’entourer nos enfants, surtout les plus petits, de spécialistes de la transmission de connaissances. Cela impliquerait notamment de cesser de sous-payer nos enseignants : il n’est pas normal que ceux qui cultivent les cerveaux biologiques soient cent fois moins bien payés que les programmeurs qui nourrissent l’IA… Il n’est pas excessif de dire que nous sommes bien imprudents, voire masochistes, de laisser les QI les plus élevés de la planète éduquer les cerveaux de silicium, tandis que l’école des cerveaux humains est en jachère. ([Location 1001](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1001)) - La menace de décrochage neuronal de notre population est au fond plus préoccupante que la menace terroriste. Un seul chiffre suffit à montrer cette urgence et combien nous sommes loin du compte : en 2017, 17 % des jeunes Français entre quinze et vingt-neuf ans appartenaient à la catégorie NEET11, c’est-à-dire qu’ils n’étaient ni étudiants, ni en formation, ni employés… autrement dit perdus dans une impasse totale et ne pouvant placer leurs espoirs que dans des formes d’allocations pour survivre. ([Location 1020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1020)) - l’intelligence est donc la capacité à trier les éléments disponibles – cueillir ceux qui sont pertinents – et à les lier entre eux. C’est « l’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle2 ([Location 1084](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1084)) - Lorsqu’elle est mise en lien avec l’action, l’intelligence est proche de la définition habituelle que l’on donne de la rationalité : elle est la capacité de choisir ses moyens d’action en fonction des circonstances pour atteindre au mieux la fin que l’on s’est fixée. L’intelligence est alors caractérisée par l’efficacité avec laquelle il sera possible d’atteindre un objectif. ([Location 1091](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1091)) - Certains évoquent la moindre reproduction des personnes intelligentes10 ou plus exactement, la facilité plus grande pour les moins douées, grâce à notre système de solidarité, à se reproduire. La ([Location 1146](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1146)) - La neurologie donne un point de vue bien particulier sur l’apprentissage. Qu’est-ce en effet qu’apprendre d’un point de vue neuronal ? Créer des connexions entre neurones18. Qu’est-ce que se souvenir ? Activer des connexions neuronales déjà créées. Les observations qui ont été faites sur le fonctionnement du cerveau aident notamment à comprendre dans quelles conditions et avec quels leviers on apprend le mieux19 : on retiendra quelque chose si on y voit un intérêt pour notre survie, si cela est lié à une émotion ou si cela fait écho à quelque chose que l’on sait déjà – ce sont les fameux « moyens mnémotechniques » que nous utilisons tous. Les dernières découvertes concernant le cerveau ont mis en évidence sa fantastique plasticité : même si avec l’âge les changements sont plus difficiles, le cerveau est capable durant toute la vie de supprimer et de recréer des liens entre neurones. En 24 heures, 10 % des connexions synaptiques sont remplacées dans certains groupes de neurones20 ! Ce qui caractérise l’identité génétique d’un cerveau donné n’est pas « sa structure », car il n’y en a pas a priori, mais bien sa capacité à apprendre. Le cerveau doit sa grande valeur non pas à ce qu’il est mais à sa capacité à s’adapter. ([Location 1204](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1204)) - Durant des millénaires, les hommes se sont battus pour conquérir des territoires. Il s’agissait d’abord d’assurer l’accès aux ressources fondamentales : produits agricoles et matières premières. Dans le monde né de la révolution industrielle devenu particulièrement énergivore, les ressources énergétiques sont devenues le socle de toutes les puissances et l’objet de bien des conflits. Les XIXe et XXe siècles auront été respectivement les siècles du charbon et du pétrole. Le XXIe est d’ores et déjà celui de l’intelligence1. Pourquoi est-il important d’attirer les intelligences ? Pourquoi est-elle l’objet de toutes les convoitises ? Parce que l’innovation, qui doit tout à l’intelligence, est devenue le moteur de la société numérique. Dans un monde caractérisé par la surabondance de l’information et l’évolution extrêmement rapide des technologies reposant sur un besoin constant d’innovation, l’intelligence devient centrale : la capacité de discrimination, de synthèse et d’articulation créative de ces informations est le principal moteur de la création de valeur. ([Location 1297](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1297)) - Les chercheurs ont même montré que la relation n’était pas linéaire mais exponentielle11. Autrement dit, plus le QI est haut, plus il a d’effet sur le salaire : un gain de 5 points de QI multiplie le salaire par 1,45 ; un gain de 10 points se traduit par un doublement du salaire. ([Location 1373](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1373)) - dans le monde dans lequel nous vivons désormais, quelques gamins au QI de 165 créent plus de richesse15 pour une nation qu’un million de travailleurs au QI de 95… Du coup, les écarts de revenus entre individus à forte et à faible capacité cognitive explosent. ([Location 1392](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1392)) - Une première explication aux faibles résultats de l’école est qu’elle ne reçoit pas les enfants assez longtemps pour compenser les différences d’environnement familial. Pour un enfant d’âge scolaire, l’école ne représente en France jamais plus de 20 % du temps éveillé ; la famille reste l’endroit où l’enfant passe la grande majorité de son temps. ([Location 1555](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1555)) - En synthèse, il est aujourd’hui établi que notre ADN détermine au moins 50 % de notre intelligence. Les environnements familial et scolaire doivent se partager une part déjà minoritaire. ([Location 1628](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1628)) - C’est la plus ou moins grande plasticité du cerveau qui fait la capacité à apprendre ; et c’est précisément cette plasticité qui est plus ou moins grande selon les individus au départ. Et c’est la neuroplasticité que mesure le QI et donc la capacité à apprendre. ([Location 1638](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1638)) - La peur de voir la mécanisation remplacer les emplois est aussi ancienne que la mécanisation elle-même et donc que le travail. Historiquement, elle s’est toujours révélée infondée car la hausse de la productivité a été compensée par la hausse de la demande de biens et par la montée en compétence des travailleurs qui trouvaient ainsi de nouveaux emplois. ([Location 1813](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1813)) - Bill Gates : « La substitution par des logiciels, qu’il s’agisse de conduire, de servir au restaurant ou de donner des soins infirmiers progresse. La technologie va avec le temps réduire le nombre d’emplois, en particulier les moins qualifiés d’entre eux. Dans vingt ans, la demande de travail correspondant à de nombreuses compétences sera substantiellement plus basse. Je ne crois pas que les gens aient intégré cela dans leur modèle mental14. » Justin Reich, ([Location 2020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2020)) - La quasi-totalité des emplois qui existaient en 1800 ont disparu : 80 % de la population travaillaient alors pour l’agriculture. ([Location 2034](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2034)) - D’un point de vue économique, la plupart des prédictions sont apocalyptiques. Une étude de l’université d’Oxford réalisée en 2013 passe en revue 702 types d’emplois présents aux États-Unis, et annonce que près d’un emploi américain sur deux (47 %) a un risque élevé d’être affecté par la technologie et 19 % ont un risque moyen. Au total, ce sont donc 66 % des emplois qui pourraient disparaître dans les vingt ans qui viennent. Le rapport du Pew Research Center prévoit que le marché du travail sera bouleversé dès 2025. ([Location 2108](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2108)) - Comme le disait dès 1970 le futurologue Alvin Toffler, « les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre ». ([Location 2116](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2116)) - La société américaine Knewton a mis au point un logiciel qui utilise les données collectées au cours du travail de l’élève ou de l’étudiant pour préconiser des sujets à étudier. Plusieurs millions d’élèves utiliseraient déjà ce type de logiciels dans le monde. ([Location 2377](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2377)) - Emmanuel Davidenkoff7, les innovations pédagogiques se multiplient dans les universités et écoles supérieures, remettant en cause les structures établies. ([Location 2391](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2391)) - La complexité neurotechnologique de l’éducation se résume en trois points clés : – L’apprentissage modifie dynamiquement l’organisation du cerveau : suivre un simple cours crée, détruit et modifie des milliers de milliards de synapses et crée même de nouveaux neurones. – L’architecture du cerveau à un moment donné – son câblage et sa dynamique électrochimique – influence massivement la capacité d’apprendre. – Les méthodes pédagogiques elles-mêmes influencent les effets de l’éducation sur l’organisation du cerveau. Le cerveau est donc un ordinateur atypique : le hardware et le software9 sont fusionnés. Une telle complexité impose un immense travail de réflexion sur la neuroéducation dans les prochaines décennies pour que l’éducation quitte son amateurisme. Il n’y aura aucune réponse universelle, simple et intuitive. L’éducation personnalisée sera aussi complexe que la médecine personnalisée. ([Location 2438](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2438)) - Ce n’est pas parce qu’une technologie est ubiquitaire que tout le monde doit s’y former : a-t-on envisagé que 100 % des jeunes deviendraient électriciens en 1895, lorsque l’électricité s’est généralisée et est devenue la base de la deuxième révolution industrielle ? ([Location 2514](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2514)) - Le Montessori du XXIe siècle sera celui qui unira cette dimension technologique avec les capacités d’entraînement du professeur. Le futur n’est pas au robot précepteur faisant ingurgiter la connaissance à un enfant isolé, séparé de ses copains. Le développement de l’intelligence collectivepasse par le travail de groupe. L’enseignant doit être un catalyseur qui fait aimer la connaissance à l’enfant. L’esprit critique est essentiel à l’ère de l’obésité informationnelle : trier les messages est fondamental. ([Location 2666](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2666)) - o ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821)) - La réunion d’immenses bases de données, d’une puissance informatique croissante et d’algorithmes d’apprentissage automatique, réunis principalement chez les géants du numérique américains et chinois, a accéléré la progression de l’Intelligence Artificielle, surprenant même ses promoteurs. o Les robots et l’IA ne sont aucunement responsables du chômage en France. Bien au contraire, les régions les plus automatisées ont des taux de chômage quasi nuls : Bavière, Suisse, Scandinavie, Singapour, Corée du Sud, Californie… o Le chômage structurel français est lié à une mauvaise politique micro-économique, à un abandon du système de formation professionnelle, à des lobbies professionnels patronaux et ouvriers incompétents et à la démission de l’Éducation nationale. Avant même la révolution des automates intelligents, notre système scolaire et de formation est de toute façon inadapté. o Symptôme de cette inadaptation, en 2017, à la veille du tsunami de l’IA, 17 % des jeunes Français, entre quinze et vingt-neuf ans, sont des NEETs (young people Not in Education, Employment, or Training). o Parallèlement, une bulle médiatique et financière s’est développée autour de l’IA : les attentes sont devenues impossibles à satisfaire. C’est particulièrement le cas pour les agents conversationnels – les chatbots – qui vont entraîner de grandes déceptions. o Ce constat ne doit pas nous endormir. Il faut, au contraire, mettre à profit la pause qui va succéder à l’éclatement probable de cette bulle pour nous préparer aux étapes ultérieures qui seront difficiles à gérer. La désynchronisation des rythmes de l’IA, de nos cerveaux et des institutions va entraîner des frictions sociales importantes. o À partir de 2030, des IA plus transversales dotées progressivement de bon sens, et associées à des robots polyvalents à prix abordables, vont modifier profondément le marché du travail. o L’industrialisation de l’intelligence, qu’elle soit biologique ou artificielle, va bouleverser les fondements mêmes de l’organisation politique et sociale. o Nous devons gérer cette révolution alors même que notre compréhension de ce qu’est vraiment l’intelligence est indigente. Notre anthropomorphisme, nos biais cognitifs et la projection de nos fantasmes et peurs sur l’IA rendent de surcroît difficile une vision rationnelle et partagée des risques. o La démocratisation de l’intelligence biologique est chaque jour plus impérative, même si les élites politiques et économiques se sont toujours parfaitement accommodées des énormes différences de capacités intellectuelles. o L’école des cerveaux biologiques aura – dans le monde entier – de plus en plus de mal à courir après l’école de l’Intelligence Artificielle. o Les inégalités cognitives, approchées par le QI – indicateur mal adapté pour appréhender notre place au côté de l’IA –, posent un problème social, politique et philosophique angoissant : dans une société de la connaissance, les écarts de capacités cognitives entraînent des différences… ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821)) ![rw-book-cover](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41uM%2BwbPryL._SL200_.jpg) ## Highlights - L’éducation est la clé de voûte de ce travail de transmission. Si elle consiste largement en l’acquisition de l’instruction, c’est-à-dire des savoirs utiles à la vie en société, elle n’a de sens que complétée par l’habileté à mobiliser les connaissances et à les associer. C’est ce que l’on nomme l’intelligence. ([Location 24](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=24)) - Le monde a connu trois grandes révolutions technologiques et économiques en deux siècles. La première s’étend de 1770 à 1850, avec les premières usines puis la machine à vapeur et le réseau de chemin de fer. La seconde de 1870 à 1910, avec la naissance de l’aviation, de l’automobile, de l’électricité et de la téléphonie. Ces inventions ont changé le monde autour des réseaux électriques et de transport. La troisième révolution a débuté vers 2000, avec l’arrivée des technologies NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives) qui vont bouleverser l’humanité. ([Location 35](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=35)) - Jamais la vitesse d’évolution de notre société et l’incertitude sur sa direction n’auront été aussi grandes. Entre les premiers hominidés il y a quelques millions d’années, jusqu’au Néolithique, vers 9000 avant J.-C., les changements au cours d’un millénaire étaient insignifiants, l’Homme évoluant très lentement. À partir du Néolithique, le rythme de l’humanité s’est accéléré : sédentarisation, apparition de l’agriculture et des villes, de systèmes administratifs, de l’écriture, explosion démographique et développement des sciences se succèdent en quelques millénaires. Il n’existe cependant quasiment aucune différence importante de connaissance technique ou médicale entre les Babyloniens du IIe millénaire avant notre ère et le XVIIe siècle en Europe. En médecine, les théories grecques de l’Antiquité, comme celle des humeurs par exemple, étaient encore des dogmes acceptés ! À partir du XIXe siècle et de la révolution industrielle, le cours de l’histoire a commencé à s’accélérer, et le monde ne ressemblait plus guère en 1900 à ce qu’il était au début de l’Empire, un siècle plus tôt : mécanisation de l’industrie grâce à la vapeur, apparition de l’entreprise moderne, développement du réseau ferré… Le XXe siècle a été une époque d’accélération du rythme et de l’importance des innovations : percées technologiques et médicales, développement de la société de consommation et enfin mondialisation auront été, si l’on excepte les traumatismes des deux guerres mondiales, les totalitarismes et les génocides, les faits marquants de cette période. ([Location 54](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=54)) - L’école, sous sa forme actuelle, va mourir. ([Location 79](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=79)) - L’école fait encore aujourd’hui figure d’exception, ses méthodes, ses structures et son organisation n’ayant, pour l’essentiel, pas changé depuis plus d’un siècle. On pourrait presque dire depuis l’Antiquité. ([Location 87](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=87)) - Hannah Arendt expliquait, dans « La Crise de l’éducation2 », que chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 90](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=90)) - chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. ([Location 92](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=92)) - c’est l’adulte qu’il faut à présent initier aux nouvelles technologies et à qui il faut inculquer les nouvelles clés de lecture du monde. ([Location 104](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=104)) - À partir de 20354, l’éducation deviendra une « branche de la médecine », utilisant les immenses ressources des neurosciences pour personnaliser d’abord la transmission et optimiser ensuite bioélectroniquement l’intelligence. Vers 2080, l’avènement d’un monde dominé par l’IA que nous aurons créée, mais qui pourrait nous échapper, tendra à fusionner les êtres vivants et l’intelligence. L’enjeu pour l’humanité deviendra alors de défendre la survie du corps physique, faisant le choix délibéré de conserver une attache matérielle pour éviter de se dissoudre dans le monde virtuel. ([Location 113](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=113)) - Le cerveau est certes un ordinateur « fait de viande », mais c’est un ordinateur très complexe et d’une nature différente des circuits intégrés. Sa particularité ? Grâce à l’interconnexion de ses milliards de neurones, il est capable d’appréhender des situations inconnues, d’inventer, de réagir à l’imprévu et de se « reprogrammer » en permanence. Plus que la puissance, il fallait une innovation de méthode pour permettre à une IA d’accomplir de nouveaux pas en direction de l’intelligence humaine. Avec le deep learning4, un premier pas est fait. ([Location 191](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=191)) - L’IA de deuxième génération va rapidement concurrencer les radiologues, mais paradoxalement ne peut lutter contre un médecin généraliste. Pour égaler l’omnipraticien, il faudrait une IA contextuelle capable de mémoire et de transversalité. Cette troisième génération d’IA qui émerge à peine ne serait disponible que vers 2030. Le quatrième âge de l’IA sera l’apparition d’une conscience artificielle. Une telle IA, dite forte, serait capable de produire un comportement intelligent, d’éprouver une réelle conscience de soi, des sentiments, et une compréhension de ses propres raisonnements. ([Location 208](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=208)) - Le deep learning est un système d’apprentissage et de classification, basé sur des « réseaux de neurones artificiels » numériques qui permettent à un ordinateur d’acquérir certaines capacités du cerveau humain. ([Location 229](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=229)) - La technologie du deep learning apprend à représenter le monde, ([Location 231](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=231)) - Le deep learning utilise l’apprentissage supervisé6 – comme le bébé – mais son architecture interne est différente. Avec son « réseau de neurones », il met en œuvre une machine virtuelle composée des milliers d’unités que sont ces neurones numériques. Chacun effectue de petits calculs simples. C’est l’agrégation de ces milliards de petits calculs qui donne la puissance et la capacité d’interactions, moteur de l’IA7. « La particularité, c’est que les résultats de la première couche de neurones vont servir d’entrée au calcul des autres », explique Yann Ollivier, chercheur en IA au CNRS. Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. À chaque étape – il peut y avoir jusqu’à une vingtaine de couches –, le réseau de neurones approfondit sa compréhension de l’image avec des concepts de plus en plus précis. ([Location 241](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=241)) - Ce fonctionnement par « couches » est ce qui rend ce type d’apprentissage « profond » – deep. ([Location 248](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=248)) - Désormais les ordinateurs s’éduquent plus qu’ils ne se programment. ([Location 261](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=261)) - Les logiciels s’appuyant sur de l’apprentissage statistique pourraient être influencés par un attaquant pour orienter les décisions. Les réseaux de neurones structurent désormais de très nombreux secteurs industriels et militaires sensibles qui pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. Cela pose deux questions : qui définit les normes éducatives de l’IA et quel degré d’autonomie lui donne-t-on ? ([Location 273](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=273)) - pourraient subir des cyberattaques de complexité croissante. Une cybersécurité de l’apprentissage statistique doit être organisée de toute urgence. L’IA est exactement comme un enfant : elle doit être éduquée. ([Location 275](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=275)) - neurones du deep learning. De cette façon, l’IA s’industrialise. L’explosion de l’IA naît de la capacité d’ordinateurs toujours plus puissants à intégrer les millions de milliards de données de l’ère du « Big Data ». ([Location 298](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=298)) - Aujourd’hui, plusieurs approches extrêmement novatrices, qui reposent en particulier sur le couplage du séquençage de l’ADN ou des instruments d’astrophysique avec l’IA, nous renseignent sur notre lointaine histoire. ([Location 315](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=315)) - L’enjeu de l’IA est ainsi un enjeu d’éducation. On ne peut plus parler d’IA aujourd’hui sans parler d’école. ([Location 367](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=367)) - Les milliards d’internautes abandonnent aux grands opérateurs du numérique un véritable trésor : leur patrimoine social, économique, émotionnel. Que font ces géants de cette fortune numérique ? Ils créent un nouveau monde : celui de l’Intelligence Artificielle. Il y a deux IA. L’IA faible6 et l’IA forte7. L’IA faible est limitée au sens où elle effectue ce qu’on lui a appris à faire dans un domaine déterminé. Elle est puissante mais elle reste sous contrôle humain. L’IA forte serait une intelligence surpuissante et qui, surtout, aurait conscience d’elle-même, conscience au sens humain du terme. Elle pourrait développer son propre projet, échappant ainsi à ses créateurs. Ce n’est heureusement pas pour tout de suite. ([Location 498](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=498)) - La question posée par les économistes et les politiques est en effet de savoir si les robots et l’IA ne vont pas se substituer à l’Homme. Les plus optimistes font référence au concept de destruction créatrice proposé par l’économiste Schumpeter selon lequel toute rupture technologique entraîne la disparition d’activités anciennes mais en génère d’autres, plus créatrices. De fait, depuis la première révolution industrielle jusqu’à la révolution informatique de la fin du XXe siècle, le principe de Schumpeter s’est toujours vérifié. Au fil de ces ruptures, nos sociétés sont passées du stade agricole au stade industriel avant d’arriver à l’ère postindustrielle, centrée sur les activités de services. Dès lors, pourquoi la mutation qui s’annonce ne déboucherait-elle pas, à son tour, sur une situation positive ? ([Location 509](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=509)) - Les bulles sont indispensables pour financer les révolutions technologiques. La bulle des chemins de fer a certes ruiné bien des investisseurs américains au XIXe siècle, mais elle a permis de bâtir le réseau ferré. La bulle de l’Internet en 2000 a ruiné de nombreux épargnants crédules, mais a permis de faire émerger l’infrastructure numérique. Les bulles construisent le futur au détriment des pigeons. ([Location 569](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=569)) - Une mécanique imparable est amorcée par le véritable « datanami » – le tsunami de données – qui déferle sur le monde. Avec le développement de l’Internet des objets, nous produisons des quantités inimaginables de données. Une aile du nouvel Airbus A380 comporte mille capteurs électroniques… Ces données ne peuvent être traitées que grâce à l’utilisation de l’IA. Ce tsunami de données, en retour, est la nourriture qui permet à l’IA de devenir plus puissante de jour en jour, et d’accroître la valeur de ses analyses. ([Location 576](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=576)) - La complexité de l’IA exclut qu’elle soit évaluée par un cerveau humain : seule l’IA peut surveiller et évaluer une IA. ([Location 620](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=620)) - Grâce à une puissante Intelligence Artificielle, ces appareils liront littéralement dans notre cerveau, bouleversant les méthodes éducatives. Il faudra faire entrer à l’école des spécialistes des neurosciences, puisque l’enseignant du futur sera fondamentalement un « neuroculteur », c’est-à-dire un cultivateur de cerveaux. Victor Hugo en avait déjà l’intuition lorsqu’il expliquait que les maîtres d’école sont les jardiniers de l’intelligence humaine. L’introduction des appareils de Facebook améliorera certes les techniques éducatives mais exigera parallèlement une réflexion neuroéthique approfondie : l’école ne doit pas devenir une institution neuromanipulatrice. ([Location 665](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=665)) - l’humanité ne devrait avoir aucun scrupule à utiliser toutes les possibilités offertes par la science pour faire de l’Homme un être en perpétuelle évolution, perfectible jour après jour par lui-même. L’Homme du futur serait ainsi comme un site Web, à tout jamais une « version béta », voué à se perfectionner en continu. Nos cellules et nos cerveaux seraient mis à jour en permanence tels une App de nos smartphones. ([Location 713](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=713)) - Ray Kurzweil résume ainsi : « Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique. » ([Location 745](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=745)) - Certains prospectivistes et économistes affirment cependant qu’il n’y a aucun doute que l’Intelligence Artificielle sera complémentaire de l’homme pour l’augmenter… En réalité, il n’y a aucune limite au développement de l’Intelligence Artificielle. Tout ce que nous permet de faire notre cerveau pourra être fait par l’Intelligence Artificielle. Notre intelligence sera challengée par l’Intelligence Artificielle qui modélisera toutes ses capacités sans exception », estime Stéphane Mallard, « évangéliste numérique » très médiatisé. On ne saurait mieux décrire le projet transhumaniste. ([Location 751](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=751)) - Dans un livre saisissant, The Beginning and the End18, Clément Vidal développe cette théorie étourdissante : l’univers n’est peut-être que la production d’une entité hyper-intelligente qui aurait connu un parcours semblable à l’humanité, accédant à l’immortalité, et aurait recréé un univers lorsque le sien avait fini son temps… À notre tour, quand notre système solaire, puis la galaxie et enfin l’univers arriveront à leur terme, certains transhumanistes pensent que nous aurons atteint un stade de développement technologique qui nous permettra de survivre en créant un nouvel univers. ([Location 781](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=781)) - médicale. Il résume le dilemme de l’humanité en quelques mots : « L’IA va nous aider à faire des bonds inimaginables dans notre compréhension du monde… mais seulement si nous autorisons les algorithmes à apprendre par eux-mêmes20. » Si nous voulons vaincre la mort, la maladie, il faudra permettre à l’IA de penser autrement et d’explorer le monde avec d’autres schémas cognitifs que les nôtres. Autrement dit, il faudra accepter que l’IA devienne forte. Et donc potentiellement hostile. ([Location 810](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=810)) - En novembre 2016, Mark Zuckerberg a annoncé qu’il consacrerait 99 % de sa fortune à promouvoir l’éducation personnalisée, les innovations médicales et l’égalité sociale. ([Location 884](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=884)) - Apprendre reste pour les humains un processus pénible et lent. Les compétences de notre cerveau s’acquièrent encore plus difficilement : les savoirs manuels (les tours de main, mais aussi la danse, le jeu d’un instrument…) demandent des milliers d’heures de répétition pour parfaire le geste et les attitudes du corps. L’IA est pour sa part dans une temporalité sans commune mesure. Avec le deep learning, la vitesse d’évolution de l’IA est foudroyante. Quelques minutes suffisent à engranger et traiter des montagnes de données. L’évolution de l’IA est à l’apprentissage humain et au temps institutionnel ce que le clin d’œil est à la pousse d’un chêne adulte. Ces désynchronisations sont redoutables : elles laissent le politique sur place, pendant que l’économie et plus encore la « sphère technologique » en pleine autonomisation courent loin, très loin devant. ([Location 932](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=932)) - La phrase de Montesquieu5 est bien connue : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » La solution : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » ([Location 956](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=956)) - Il insiste notamment sur le moment de la petite enfance, déterminant dans le développement des individus : un million de synapses se créent chaque seconde dans le cerveau d’un enfant de trois ans… Un rythme que bien sûr l’individu ne retrouve plus jamais ensuite. La petite enfance est le moment où la plasticité du cerveau est maximale. C’est à un renversement radical des pratiques en ce domaine que le rapport invite : alors que le personnel des crèches est recruté au niveau CAP, c’est bien plutôt de bac +5 diplômés en neurosciences dont les enfants auraient besoin ! Il est urgent d’entourer nos enfants, surtout les plus petits, de spécialistes de la transmission de connaissances. Cela impliquerait notamment de cesser de sous-payer nos enseignants : il n’est pas normal que ceux qui cultivent les cerveaux biologiques soient cent fois moins bien payés que les programmeurs qui nourrissent l’IA… Il n’est pas excessif de dire que nous sommes bien imprudents, voire masochistes, de laisser les QI les plus élevés de la planète éduquer les cerveaux de silicium, tandis que l’école des cerveaux humains est en jachère. ([Location 1001](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1001)) - La menace de décrochage neuronal de notre population est au fond plus préoccupante que la menace terroriste. Un seul chiffre suffit à montrer cette urgence et combien nous sommes loin du compte : en 2017, 17 % des jeunes Français entre quinze et vingt-neuf ans appartenaient à la catégorie NEET11, c’est-à-dire qu’ils n’étaient ni étudiants, ni en formation, ni employés… autrement dit perdus dans une impasse totale et ne pouvant placer leurs espoirs que dans des formes d’allocations pour survivre. ([Location 1020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1020)) - l’intelligence est donc la capacité à trier les éléments disponibles – cueillir ceux qui sont pertinents – et à les lier entre eux. C’est « l’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle2 ([Location 1084](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1084)) - Lorsqu’elle est mise en lien avec l’action, l’intelligence est proche de la définition habituelle que l’on donne de la rationalité : elle est la capacité de choisir ses moyens d’action en fonction des circonstances pour atteindre au mieux la fin que l’on s’est fixée. L’intelligence est alors caractérisée par l’efficacité avec laquelle il sera possible d’atteindre un objectif. ([Location 1091](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1091)) - Certains évoquent la moindre reproduction des personnes intelligentes10 ou plus exactement, la facilité plus grande pour les moins douées, grâce à notre système de solidarité, à se reproduire. La ([Location 1146](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1146)) - La neurologie donne un point de vue bien particulier sur l’apprentissage. Qu’est-ce en effet qu’apprendre d’un point de vue neuronal ? Créer des connexions entre neurones18. Qu’est-ce que se souvenir ? Activer des connexions neuronales déjà créées. Les observations qui ont été faites sur le fonctionnement du cerveau aident notamment à comprendre dans quelles conditions et avec quels leviers on apprend le mieux19 : on retiendra quelque chose si on y voit un intérêt pour notre survie, si cela est lié à une émotion ou si cela fait écho à quelque chose que l’on sait déjà – ce sont les fameux « moyens mnémotechniques » que nous utilisons tous. Les dernières découvertes concernant le cerveau ont mis en évidence sa fantastique plasticité : même si avec l’âge les changements sont plus difficiles, le cerveau est capable durant toute la vie de supprimer et de recréer des liens entre neurones. En 24 heures, 10 % des connexions synaptiques sont remplacées dans certains groupes de neurones20 ! Ce qui caractérise l’identité génétique d’un cerveau donné n’est pas « sa structure », car il n’y en a pas a priori, mais bien sa capacité à apprendre. Le cerveau doit sa grande valeur non pas à ce qu’il est mais à sa capacité à s’adapter. ([Location 1204](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1204)) - Durant des millénaires, les hommes se sont battus pour conquérir des territoires. Il s’agissait d’abord d’assurer l’accès aux ressources fondamentales : produits agricoles et matières premières. Dans le monde né de la révolution industrielle devenu particulièrement énergivore, les ressources énergétiques sont devenues le socle de toutes les puissances et l’objet de bien des conflits. Les XIXe et XXe siècles auront été respectivement les siècles du charbon et du pétrole. Le XXIe est d’ores et déjà celui de l’intelligence1. Pourquoi est-il important d’attirer les intelligences ? Pourquoi est-elle l’objet de toutes les convoitises ? Parce que l’innovation, qui doit tout à l’intelligence, est devenue le moteur de la société numérique. Dans un monde caractérisé par la surabondance de l’information et l’évolution extrêmement rapide des technologies reposant sur un besoin constant d’innovation, l’intelligence devient centrale : la capacité de discrimination, de synthèse et d’articulation créative de ces informations est le principal moteur de la création de valeur. ([Location 1297](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1297)) - Les chercheurs ont même montré que la relation n’était pas linéaire mais exponentielle11. Autrement dit, plus le QI est haut, plus il a d’effet sur le salaire : un gain de 5 points de QI multiplie le salaire par 1,45 ; un gain de 10 points se traduit par un doublement du salaire. ([Location 1373](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1373)) - dans le monde dans lequel nous vivons désormais, quelques gamins au QI de 165 créent plus de richesse15 pour une nation qu’un million de travailleurs au QI de 95… Du coup, les écarts de revenus entre individus à forte et à faible capacité cognitive explosent. ([Location 1392](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1392)) - Une première explication aux faibles résultats de l’école est qu’elle ne reçoit pas les enfants assez longtemps pour compenser les différences d’environnement familial. Pour un enfant d’âge scolaire, l’école ne représente en France jamais plus de 20 % du temps éveillé ; la famille reste l’endroit où l’enfant passe la grande majorité de son temps. ([Location 1555](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1555)) - En synthèse, il est aujourd’hui établi que notre ADN détermine au moins 50 % de notre intelligence. Les environnements familial et scolaire doivent se partager une part déjà minoritaire. ([Location 1628](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1628)) - C’est la plus ou moins grande plasticité du cerveau qui fait la capacité à apprendre ; et c’est précisément cette plasticité qui est plus ou moins grande selon les individus au départ. Et c’est la neuroplasticité que mesure le QI et donc la capacité à apprendre. ([Location 1638](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1638)) - La peur de voir la mécanisation remplacer les emplois est aussi ancienne que la mécanisation elle-même et donc que le travail. Historiquement, elle s’est toujours révélée infondée car la hausse de la productivité a été compensée par la hausse de la demande de biens et par la montée en compétence des travailleurs qui trouvaient ainsi de nouveaux emplois. ([Location 1813](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=1813)) - Bill Gates : « La substitution par des logiciels, qu’il s’agisse de conduire, de servir au restaurant ou de donner des soins infirmiers progresse. La technologie va avec le temps réduire le nombre d’emplois, en particulier les moins qualifiés d’entre eux. Dans vingt ans, la demande de travail correspondant à de nombreuses compétences sera substantiellement plus basse. Je ne crois pas que les gens aient intégré cela dans leur modèle mental14. » Justin Reich, ([Location 2020](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2020)) - La quasi-totalité des emplois qui existaient en 1800 ont disparu : 80 % de la population travaillaient alors pour l’agriculture. ([Location 2034](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2034)) - D’un point de vue économique, la plupart des prédictions sont apocalyptiques. Une étude de l’université d’Oxford réalisée en 2013 passe en revue 702 types d’emplois présents aux États-Unis, et annonce que près d’un emploi américain sur deux (47 %) a un risque élevé d’être affecté par la technologie et 19 % ont un risque moyen. Au total, ce sont donc 66 % des emplois qui pourraient disparaître dans les vingt ans qui viennent. Le rapport du Pew Research Center prévoit que le marché du travail sera bouleversé dès 2025. ([Location 2108](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2108)) - Comme le disait dès 1970 le futurologue Alvin Toffler, « les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre ». ([Location 2116](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2116)) - La société américaine Knewton a mis au point un logiciel qui utilise les données collectées au cours du travail de l’élève ou de l’étudiant pour préconiser des sujets à étudier. Plusieurs millions d’élèves utiliseraient déjà ce type de logiciels dans le monde. ([Location 2377](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2377)) - Emmanuel Davidenkoff7, les innovations pédagogiques se multiplient dans les universités et écoles supérieures, remettant en cause les structures établies. ([Location 2391](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2391)) - La complexité neurotechnologique de l’éducation se résume en trois points clés : – L’apprentissage modifie dynamiquement l’organisation du cerveau : suivre un simple cours crée, détruit et modifie des milliers de milliards de synapses et crée même de nouveaux neurones. – L’architecture du cerveau à un moment donné – son câblage et sa dynamique électrochimique – influence massivement la capacité d’apprendre. – Les méthodes pédagogiques elles-mêmes influencent les effets de l’éducation sur l’organisation du cerveau. Le cerveau est donc un ordinateur atypique : le hardware et le software9 sont fusionnés. Une telle complexité impose un immense travail de réflexion sur la neuroéducation dans les prochaines décennies pour que l’éducation quitte son amateurisme. Il n’y aura aucune réponse universelle, simple et intuitive. L’éducation personnalisée sera aussi complexe que la médecine personnalisée. ([Location 2438](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2438)) - Ce n’est pas parce qu’une technologie est ubiquitaire que tout le monde doit s’y former : a-t-on envisagé que 100 % des jeunes deviendraient électriciens en 1895, lorsque l’électricité s’est généralisée et est devenue la base de la deuxième révolution industrielle ? ([Location 2514](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2514)) - Le Montessori du XXIe siècle sera celui qui unira cette dimension technologique avec les capacités d’entraînement du professeur. Le futur n’est pas au robot précepteur faisant ingurgiter la connaissance à un enfant isolé, séparé de ses copains. Le développement de l’intelligence collectivepasse par le travail de groupe. L’enseignant doit être un catalyseur qui fait aimer la connaissance à l’enfant. L’esprit critique est essentiel à l’ère de l’obésité informationnelle : trier les messages est fondamental. ([Location 2666](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=2666)) - o ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821)) - La réunion d’immenses bases de données, d’une puissance informatique croissante et d’algorithmes d’apprentissage automatique, réunis principalement chez les géants du numérique américains et chinois, a accéléré la progression de l’Intelligence Artificielle, surprenant même ses promoteurs. o Les robots et l’IA ne sont aucunement responsables du chômage en France. Bien au contraire, les régions les plus automatisées ont des taux de chômage quasi nuls : Bavière, Suisse, Scandinavie, Singapour, Corée du Sud, Californie… o Le chômage structurel français est lié à une mauvaise politique micro-économique, à un abandon du système de formation professionnelle, à des lobbies professionnels patronaux et ouvriers incompétents et à la démission de l’Éducation nationale. Avant même la révolution des automates intelligents, notre système scolaire et de formation est de toute façon inadapté. o Symptôme de cette inadaptation, en 2017, à la veille du tsunami de l’IA, 17 % des jeunes Français, entre quinze et vingt-neuf ans, sont des NEETs (young people Not in Education, Employment, or Training). o Parallèlement, une bulle médiatique et financière s’est développée autour de l’IA : les attentes sont devenues impossibles à satisfaire. C’est particulièrement le cas pour les agents conversationnels – les chatbots – qui vont entraîner de grandes déceptions. o Ce constat ne doit pas nous endormir. Il faut, au contraire, mettre à profit la pause qui va succéder à l’éclatement probable de cette bulle pour nous préparer aux étapes ultérieures qui seront difficiles à gérer. La désynchronisation des rythmes de l’IA, de nos cerveaux et des institutions va entraîner des frictions sociales importantes. o À partir de 2030, des IA plus transversales dotées progressivement de bon sens, et associées à des robots polyvalents à prix abordables, vont modifier profondément le marché du travail. o L’industrialisation de l’intelligence, qu’elle soit biologique ou artificielle, va bouleverser les fondements mêmes de l’organisation politique et sociale. o Nous devons gérer cette révolution alors même que notre compréhension de ce qu’est vraiment l’intelligence est indigente. Notre anthropomorphisme, nos biais cognitifs et la projection de nos fantasmes et peurs sur l’IA rendent de surcroît difficile une vision rationnelle et partagée des risques. o La démocratisation de l’intelligence biologique est chaque jour plus impérative, même si les élites politiques et économiques se sont toujours parfaitement accommodées des énormes différences de capacités intellectuelles. o L’école des cerveaux biologiques aura – dans le monde entier – de plus en plus de mal à courir après l’école de l’Intelligence Artificielle. o Les inégalités cognitives, approchées par le QI – indicateur mal adapté pour appréhender notre place au côté de l’IA –, posent un problème social, politique et philosophique angoissant : dans une société de la connaissance, les écarts de capacités cognitives entraînent des différences… ([Location 4821](https://readwise.io/to_kindle?action=open&asin=B075GKMFXG&location=4821))