# KOOB Le Cygne noir [[Nassim Taleb]], [[Le Cygne Noir]], URL: https://koober.com/fr/lecture/r%C3%A9sum%C3%A9delecygnenoir ## lisant ce koob, vous découvrirez une nouvelle façon d’appréhender l’incertitude à travers le concept du Cygne noir. Vous découvrirez aussi : * que le Cygne noir est un événement surprenant, imprévisible et aux conséquences de grande ampleur ; * pourquoi vous échouez à faire des prévisions ; * que vous avez tort de faire confiance à ceux que vous considérez comme des experts dans leur domaine ; * que vous pouvez tirer parti de l’incertitude. Le monde est fait d’incertitudes, mais l’homme continue à chercher à le comprendre et à le prévoir. Plus la société est informée, plus elle pense être experte et capable de comprendre le monde. Pourtant, lorsqu’elle découvre que tous les cygnes ne sont pas blancs, sa notion même de connaissance est bouleversée. Cet événement qui était très peu probable et aux conséquences fortes est appelé par Nassim Nicholas Taleb le “Cygne noir”. Celuici peut conduire au succès ou à l’échec et peut marquer l’histoire. Comment aborder ce phénomène et en tirer parti dans votre vie personnelle ? ## Tous les cygnes ne sont pas blancs, ou comment votre perception vous trompe Vous ne savez probablement pas combien de cygnes vous avez vus dans votre vie, mais une chose est certaine : ils étaient tous blancs. Vous en arrivez donc à la conclusion suivante : les cygnes sont blancs. Pourtant, des cygnes au plumage noir ont été découverts en Australie. Pour ceux qui en ont fait la découverte, **cet événement était inattendu et imprévisible**. C’est sur cette découverte surprenante des cygnes de couleur noire que se fonde le concept de **Cygne noir**. Cette expression désigne un événement : **aberrant, car il ne correspond pas aux attentes de la majorité** ; **aux conséquences extrêmes** ; **que l’être humain cherche pourtant à catégoriser**. *Pour ceux qui ont découvert que tous les cygnes n’étaient pas blancs, cet événement était impossible à prévoir.** Tout leur faisait penser que les cygnes étaient blancs. **Cet événement a redéfini la connaissance humaine et a demandé de repenser la façon de voir le monde.** Chose étrange pourtant, dès lors qu’un Cygne noir apparaît, la tendance est à la généralisation et à la catégorisation. *Par exemple**, les attentats du 11 septembre constituent un Cygne noir pour leurs victimes. Personne ne les avait vus venir, sauf les terroristes qui les ont planifiés. Juste après, le monde s’attendait à ce qu’ils se reproduisent, alors qu’en réalité, la probabilité d’un attentat est plus faible après qu’avant. Le hasard et la probabilité du Cygne noir étant des abstractions, le cerveau humain cherche à se raccrocher au concret, à l’événement. *Ainsi, lorsqu’il s’agit de faire des prévisions, vous observez le monde qui vous entoure et vous en tirez des conclusions que vous appliquez à votre perception du futur.** Mais les Cygnes noirs sont impossibles à prévoir. Par conséquent, la société est dans l’incapacité de les voir, car ils sortent des cadres de sa pensée. Il existe, en effet, deux types d’événements rares : **ceux dont on parle en société**, car ils entrent dans le cadre d’une narration, c’estàdire d’un récit conçu pour le rendre cohérent ; **ceux qui ne sont pas évoqués**, car ils ne rentrent pas dans une case. *Il faut donc aller audelà de votre lecture des événements** pour arriver à une meilleure compréhension de la dynamique du Cygne noir. Le Cygne noir se développe dans un environnement non restreint et lié au hasard de la sérendipité* # Les métiers Il existe un très grand nombre de domaines sujets au phénomène du Cygne noir. Il peut concerner le monde professionnel, la sphère politique, le domaine privé. Toutefois, certains secteurs d’activité sont plus prompts au Cygne noir que d’autres. *Les domaines scalables, par exemple.** Ainsi, si vous exercez la profession d’écrivain ou de trader, vos revenus ne dépendent pas directement de la quantité de travail fournie. À l’inverse, pour augmenter ses revenus, un boulanger n’a pas d’autre option que de vendre plus de pain, et donc de faire plus d’heures de travail. **Pour lui, il y a un rapport direct entre le temps de travail et le bénéfice maximal qu’il en retire.** La production de l’écrivain n’est donc pas la même que celle du boulanger, car il n’a pas besoin de réécrire le livre chaque fois qu’il en vend un. De même, le trader n’a pas besoin de fournir plus de travail pour acheter un nombre plus important d’actions. Se distinguent alors deux types de professions : **scalables** : les employés sont des **concepteurs**, dont le travail est lié à une production intellectuelle. Leurs revenus ne sont pas plafonnés ; **non scalables** : ce sont des **travailleurs**, c’estàdire qu’ils vendent leur travail et non des idées. Leurs revenus sont plafonnés et ils ne sont pratiquement pas sujets au Cygne noir. Ainsi, dans les professions dont le bénéfice n’est pas soumis à la quantité de travail fourni, la survenance d’un Cygne noir peut être décisive pour la réalisation de leurs objectifs. Il est important de souligner que **le Cygne noir n’est pas nécessairement un événement négatif**. Sa nature est d’être inattendu, de sortir du cadre de la logique, mais il peut se révéler positif. Pensez **par exemple** au succès de l’écrivaine J. K. Rowling : il était imprévisible et aberrant — qui aurait cru qu’elle attirerait un public, adulte notamment ? Ainsi, **un entrepreneur, un écrivain ou un trader peuvent s’attendre à rencontrer un Cygne noir positif**. Ils peuvent en rêver, espérer qu’il arrive, voire même chercher à le prévoir, il est toutefois insensé de croire que cet événement peut être prédit. *Il vaut mieux qu’ils cherchent à s’y exposer, sans s’imaginer pouvoir deviner sa nature. En effet, combien de grandes découvertes ou de succès étaientils prévus ?** La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb est un Cygne noir ! **Chercher une chose (comme la route pour les Indes) et en trouver une autre (l’Amérique) relève de la sérendipité.** S’exposer au hasard au lieu de le craindre peut donc vous ouvrir des portes que vous n’auriez pas soupçonnées. Certes, vous vous exposez aussi à des échecs, mais ils vous permettront d’avancer vers l’objectif que vous vous êtes fixé, et de (peutêtre) provoquer un Cygne noir qui satisfera vos attentes. Les Cygnes noirs vivent en Extrêmistan, le territoire des inégalités *L’existence d’un monde scalable et d’un monde non scalable induit une nouvelle géographie du hasard.** Il en émerge deux territoires utopiques distincts, deux visions du hasard : **le Médiocristan et l’Extrêmistan**. Chaque territoire possède ses propres règles, sa façon d’être soumis aux probabilités et son type de hasard. *Le Médiocristan** C’est le territoire où l’homme croit habiter. **Làbas, les données sont fiables puisque soumises à des lois mathématiques immuables : elles ne subissent pas de variations trop importantes.** Même si un événement imprévisible survient, il ne peut donc pas provoquer une remise en question fondamentale, car il ne peut survenir que dans le cadre de ces lois. *Par exemple**, parmi un échantillon de 1 000 personnes choisies au hasard, représentezvous la personne la plus lourde imaginable. Même si cette personne pèse trois fois plus que les autres, elle ne représentera pas plus qu’un infime pourcentage de l’échantillon, car le changement n’a pas d’effet sur la moyenne. *Ainsi, au Médiocristan, il est impossible de modifier de façon significative l’échantillon.** Le phénomène observé — ici, une personne trois fois plus lourde que la moyenne — reste insignifiant par rapport au tout. Sur ce territoire, jamais il n’y aura une personne mille fois plus lourde que la moyenne, tout simplement parce que ce n’est pas concevable par la population. *C’est que Taleb appelle le “hasard de type 1” et qui touche des domaines concrets de l’existence** : les caractéristiques physiques ; les revenus ; la consommation. *L’Extrêmistan** C’est le territoire des inégalités, où les différences ont le pouvoir de redéfinir et d’influencer fortement l’échantillon, où une valeur peut modifier du tout au tout l’échelle de la distribution (moyenne, écart type). Reprenez **l’exemple** de l’échantillon de 1 000 personnes pour l’analyser cette fois sous l’angle de leurs revenus. Ajoutez Bill Gates à cet échantillon : étant beaucoup plus riche que les autres, il change radicalement la moyenne. *Contrairement au Médiocristan, l’Extrêmistan n’est pas soumis à des règles stables qui le limitent, il est scalable et est soumis à un “hasard de type 2”.** Il s’applique **par exemple** à des questions comme : la notoriété personnelle d’un chercheur ; la visibilité sur Google d’une personnalité ; les dégâts d’une catastrophe naturelle ; le nombre de morts dans un accident, etc. En Extrêmistan, le “gagnant rafle tout” : il y a une grande disparité dans la distribution des données, et donc des richesses ou de la réussite. **Une petite série d’événements conditionne le cours de l’histoire, l’état du monde et la capacité de l’homme à prédire l’avenir.** Le Cygne noir n’existe donc que dans l’Extrêmistan. La distinction entre Médiocristan et Extrêmistan permet de dégager deux types de hasard et de mieux comprendre le fonctionnement de l’incertitude. L’empirisme sceptique permet d’éviter de se tromper soimême Tout d’abord, il est nécessaire de promouvoir une façon d’appréhender le monde afin d’éviter bon nombre d’erreurs de perception : l’empirisme sceptique. Cette notion s’oppose au concept de platonicité. *La platonicité** Le terme prend son origine dans les idées du philosophe Platon et de sa théorie de la caverne. De même que l’homme enchaîné dans la caverne de Platon, l’homme moderne a tendance à se focaliser sur la forme des choses. **L’esprit humain ayant besoin d’ordre, il va négliger les éléments moins ordonnés au profit de ce qui a une “forme”, de ce qui a un sens pour lui.** Ce besoin de théoriser et d’organiser le monde en fonction de formes faciles à identifier vous conduit à croire que vous en savez plus qu’en réalité. **La platonicité est cette tendance à croire que vous savez.** Or cette façon de raisonner a ses limites et devient dangereuse lorsqu’elle entre en contact avec le désordre de la réalité. Cette rencontre est appelée par l’auteur **“la fracture platonique”**. **C’est le lieu où apparaissent les Cygnes noirs.** *L’Empirisme sceptique** Pour introduire le concept de l’empirisme sceptique, il faut présenter un personnage historique ayant vécu au IIe siècle ap. JC. : Sextus Empiricus. Il était membre de l’école de médecine dite “empirique”, dont les membres mettaient en doute à la fois : les théories ; la causalité ; l’expérience passée. Si ces médecins s’appuyaient sur cette dernière, **ils se gardaient bien de lui attribuer une trop grande place**. Il véhiculait aussi les idées de l’école de Pyrrhon, qui avait pour principe de douter systématiquement de tout. *La pensée de l’empirisme sceptique inspirée de Sextus Empiricus mêle expérience concrète et empirique du monde à un scepticisme systématique.** Cette disposition d’esprit est importante pour éviter le piège de la platonicité. **Elle permet aussi d’apprendre à changer de perspective en prenant conscience qu’il y a plus de choses que l’on ne sait pas que de choses que l’on sait.** Ainsi, elle vous évitera d’être le dindon de la farce. Ne soyez pas dupe : évitez d’être une dinde *Le monde ressemble beaucoup plus à l’Extrêmistan qu’au Médiocristan, et cette tendance s’accélère.** Malheureusement, c’est dans la nature de l’être humain que de l’ignorer et de se croire capable de comprendre le monde. Le hasard sauvage de type Extrêmistan s’appliquant de plus en plus à la société, **il y a de grandes chances que vous soyez exposé personnellement au Cygne noir**. Vous observez les phénomènes qui ont lieu dans le monde et vous tirez des conclusions sur ce qui se passera demain ? Vous faites reposer votre compréhension du monde sur ce qui se passe ? Vous êtes malheureusement dupe. **Comment éviter d’être une dinde ?** Imaginez **par exemple** la vie d’une dinde d’élevage. Chaque jour, la dinde est nourrie. Son sentiment de sécurité et sa certitude d’être encore nourrie le lendemain augmentent avec le passage du temps. **La dinde fonde sa vision de l’avenir sur son expérience du présent.** Et pourtant, la veille de Thanksgiving, ce qui devait arriver arrive : la dinde n’est pas nourrie, on lui tord le cou et c’est elle qui sert de repas. Du point de vue de la dinde, cet événement est un Cygne noir. La dinde est dupe de son destin, tandis que le boucher, lui, en est bien conscient. Pire, **plus elle est proche du jour fatidique, plus la dinde a confiance en la probabilité d’être nourrie le lendemain**. *Le problème du Cygne noir est donc lié à la connaissance et à la façon dont vous en faites l’acquisition.** Mais ça ne s’arrête pas là : les experts ne détiennent, pas plus que vous, la réponse au problème du Cygne noir. Certes, la connaissance peut mener à la compétence : le boucher est compétent pour savoir quand et comment tuer la dinde. Cependant, **ce n’est pas parce qu’une personne est experte qu’il faut se fier à ses prévisions**. Pourquoi ? L’hyper spécialisation des experts les conduit à avoir l’esprit fermé et à faire des analyses qui ne tiennent pas compte de données pourtant fondamentales. L’arrogance épistémique empêche de voir les Cygnes noirs Pourquoi êtesvous incapables de voir les Cygnes noirs avant qu’ils se produisent ? **Parce que vous souffrez d’arrogance épistémique, et que vous avez du mal à voir ce qu’on ne vous montre pas.** Pour expliquer ce concept, Nassim Nicholas Taleb propose d’analyser le problème de Diagoras, tel que reporté par Cicéron. Sont présentés à Diagoras, qui est athée, les portraits de dévots ayant prié et survécu à un naufrage, pour lui montrer que la prière protège de la noyade. Diagoras demande alors à voir les portraits de ceux qui avaient prié et qui s’étaient noyés. Bien entendu, ils n’existaient pas, car **ces personnes étaient incapables de raconter leur propre histoire : elles étaient mortes noyées**. Comme les rescapés du naufrage, vous pourriez être poussé à croire aux miracles. Mais cela signifierait ne voir qu’une partie de la réalité. Ce mécanisme se retrouve dans la formation des croyances ou des théories, comme l’ont souligné également Michel de Montaigne et Francis Bacon. Quel que soit le domaine, quand vous cherchez les preuves de quelque chose, vous avez tendance à souffrir de la même déformation qui consiste à ne voir qu’une partie de la vérité. **Cette déformation est appelée biais : c’est la différence entre ce qui est observé et ce qui existe.** La portion de réalité que vous ne voyez pas est “le cimetière de Diagoras”. Ce biais s’applique au Cygne noir. **Vous vous inquiétez de ce qui s’est déjà passé, non de ce qui pourrait se produire, mais n’a pas eu lieu.** De plus, **un mécanisme vous empêche de déjouer ce biais, il s’agit de l’arrogance épistémique**. Ce concept désigne la tendance à croire (à tort) qu’on sait. Cette démarche est à l’opposé de l’empirisme sceptique et conduit à des erreurs liées à l’idée que vous vous faites de vos propres connaissances. D’une certaine façon, **l’information nuit à la connaissance**. D’ailleurs, **plus le niveau d’études des membres de l’échantillon est élevé, plus leur taux d’erreur est haut** : ils font preuve d’arrogance épistémique. Elle constitue un obstacle, vous pose des œillères et vous empêche de garder l’esprit ouvert. Pour Nassim Nicholas Taleb, lire les journaux est ainsi une perte de temps, que vous devriez mettre à profit pour lire des livres. Ne vous racontez pas d’histoires L’être humain a désespérément besoin de narrations et de théories. **Pendant une journée, essayez de ne rien théoriser, de ne rien classer de ce que vous vivez, voyez, écoutez, etc.** À la fin de cette journée, non seulement vous aurez très probablement échoué, mais vous serez aussi épuisé. Ces écueils font partie de la nature humaine, alors prenezen conscience pour éviter de commettre une série d’erreurs. *L’erreur de narration** Vous avez besoin de cohérence pour vous construire. C’est pourquoi, quand un événement survient, **vous le considérez comme une partie d’un tout, comme un élément de votre narration**. Or quand cet événement sort du cadre, votre esprit préfère modifier sa grille de lecture plutôt que d’accepter l’aberration. Cet événement aberrant, c’est bien sûr le Cygne noir. *Aussi, si la narration fonctionne au Médiocristan, elle est mise à mal en Extrêmistan.** *L’erreur de confirmation** En plus de l’erreur de narration, vous avez probablement tendance à tomber dans le piège de **l’erreur de confirmation**. Cette notion concerne la façon dont **vous interprétez les preuves qui confirment votre vision de la vie**. C’est une manifestation du problème de Diagoras : vous vous concentrez sur ce que vous voyez, et vous passez à côté de ce que vous ne voyez pas, ou de ce qui ne vous est pas montré. Autrement dit, il ne faut pas confondre l’absence de preuve avec la preuve de l’absence. *Par exemple**, ce n’est pas parce qu’une analyse d’un échantillon de vos cellules ne présente aucune cellule cancéreuse que vous n’avez pas le cancer. Il s’agit d’une absence de preuve que vous êtes malade, pas d’une preuve de l’absence de maladie. *L’erreur ludique** Cette erreur consiste à croire que **le hasard de la vraie vie est similaire à celui des jeux de hasard**. Au casino, par exemple, vous connaissez les règles du jeu à l’avance et elles ne peuvent être modifiées au cours de la partie. De même, les gains que vous pouvez espérer dépendent de votre mise de départ. Ils peuvent varier, mais le casino ne les multipliera jamais plus d’un certain nombre de fois. *Le hasard lié au jeu, dit “hasard de type 1”, comprend donc une part d’incertitude, mais une incertitude maîtrisée.** Faire l’hypothèse que votre vie serait soumise à ce même type de hasard est séduisant, car **ce hasard peut être modélisé par une courbe, dite courbe gaussienne**, et donc permettre une certaine prédictibilité du hasard. Pourtant, **dans la vie réelle, il n’est jamais possible de connaître tous les paramètres pouvant influencer le déroulement des événements, ni à quel moment ils vont survenir**. Le hasard de type 1 est donc cantonné à des domaines du Médiocristan. En Extrêmistan, le hasard est sauvage, et ne peut donc être modélisé par la courbe gaussienne (ou normale). Croire le contraire revient à tomber dans l’erreur ludique. *Croire que le hasard de la vie réelle est comparable à celui des jeux et qu’il pourrait donc être calculé est une erreur.** Après tout, qui connaît les règles du jeu de la vie ? Tirez parti des Cygnes noirs positifs et de l’incertitude Estil impossible de prévoir quoi que ce soit ? **Avoir conscience des différentes erreurs** (de narration, de confirmation, et ludique), ainsi que du problème de Diagoras devrait déjà vous aider à affirmer que vous ne savez pas. Pour éviter de devenir un expert inutile ou le dupe de votre propre jeu : **acceptez l’incertitude**, acceptez de ne pas savoir ; **ne vous laissez pas pour autant aller à une attitude passive et fataliste** ; en ayant conscience du Cygne noir, **cherchez à vous exposer au Cygne noir positif et à tirer parti de l’incertitude**. Cherchez des solutions à vos problèmes de la façon la plus large possible ; **soyez prêt à toutes les éventualités**, du moins, à toutes celles qui se justifient. La prédictibilité totale n’existe pas, alors soyez préparé à un vaste éventail de possibles. Pour cela, **faites jouer la sérendipité** : rappelezvous que les grandes découvertes se font la plupart du temps par hasard ! **Procédez par tâtonnement.** Voici **l’exemple du peintre Apelle**, qui cherchait désespérément à représenter l’écume sortant de la bouche d’un cheval. Sextus Empiricus rapporte l’anecdote : exaspéré par tant de vaines tentatives, le peintre jette son éponge. En s’écrasant sur le tableau, celleci dessine une écume parfaite. *Vous ne pouvez pas prétendre trouver la solution aux problèmes immédiatement, facilement ou rationnellement, alors faites jouer le hasard en votre faveur.** Pour favoriser la sérendipité : **maximisez les occasions**, et prenez conscience de la valeur des opportunités qui vous sont données ; **recherchez les opportunités de rencontres**, allez à des fêtes, participez à des discussions informelles, elles contiennent peutêtre votre chance ou votre solution. Dans le domaine des investissements financiers, vous pouvez appliquer la “stratégie des haltères”. Ne soyez pas prudent, **n’ayez pas une attitude timide face à la prise de risque**. Il vaut mieux placer 15% de votre argent dans des affaires hautement risquées et les 85% dans des instruments très sûrs, comme les bons du Trésor. Dans certaines entreprises, le manque de prédictibilité a des effets bénéfiques. Ce sont des domaines exposés au Cygne noir positif, comme le cinéma, **par exemple**. **Maximisez le risque d’être exposé au Cygne noir positif, mais faites preuve d’une prudence paranoïaque lorsque le risque concerne le Cygne noir négatif.** Soyez conscient que le Cygne noir existe, et faites en sorte d’en tirer le maximum. Conclusion La dynamique du Cygne noir est de plus en plus présente dans la société qui s’apparente à l’Extrêmistan. Dans un monde où le hasard est sauvage, il faut faire tomber vos œillères pour réussir à avoir une meilleure compréhension des choses. Accepter de ne pas savoir et apprendre à regarder ce qui n’est pas montré, autrement dit le cimetière de Diagoras, sont deux piliers de cette ouverture. Enfin, rappelezvous que le Cygne noir peut avoir une incidence positive et faites en sorte de vous y exposer en pratiquant la sérendipité. *Ce qu’il faut retenir de ce koob** : le Cygne noir se manifeste comme un événement surprenant et aberrant ; appliquez le scepticisme empirique à votre lecture du monde ; être informé ne signifie pas comprendre le cours des choses ; il vaut mieux avouer qu’on ne sait pas plutôt que de tomber dans l’erreur de confirmation ; le passé n’est pas forcément utile pour comprendre le futur.