MOC : [[PERMACULTURE]] - [[ÉCOLOGIE]]
Date : 2021-05-26
Auteur : [[Bill Gates]]
Source : [[Climat, comment éviter un désastre]]
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## L'écologie dans l’industrie lourde
31% des 51 milliards de tonnes par an
Les 3 matériaux les plus néfastes sont l’acier le plastique et le béton.
### L’acier
Pour faire de l’acier, il faut séparer l’oxygène du fer et y ajouter un petit peu de carbone. Ce qui peut se faire simultanément en faisant fondre le fer à de très hautes températures (1 700 °C), avec de l’oxygène et un type de charbon que l’on appelle le « coke ». À ces températures, le minerai de fer libère son oxygène, et le coke son carbone. Une partie du carbone se lie au fer, formant l’acier que l’on souhaite, et le reste du carbone s’attache à l’oxygène, accouchant d’un sous-produit que l’on ne souhaite pas : le dioxyde de carbone. Et beaucoup, en plus : la fabrication d’une tonne d’acier produit environ 1,8 tonne de dioxyde de carbone.
### Le béton
Pour le fabriquer, il faut mélanger du gravier, du sable, de l’eau et du ciment. Les trois premiers éléments sont relativement simples, c’est le ciment qui pose problème pour le climat. Pour produire du ciment, il faut du calcium. Pour obtenir du calcium, on commence par du calcaire – qui contient du calcium, ainsi que du carbone et de l’oxygène –, que l’on brûle dans un fourneau avec quelques autres ingrédients. Compte tenu de la présence de carbone et d’oxygène, vous voyez sans doute comment ça va finir. Une fois le calcaire brûlé, vous vous retrouvez avec ce que vous vouliez – du calcium pour votre ciment –, mais aussi avec quelque chose dont vous ne vouliez pas : du dioxyde de carbone. Personne ne sait comment fabriquer du ciment sans ce procédé. C’est une réaction chimique – calcaire + chaleur = oxalate de calcium + dioxyde de carbone – et il n’y a pas moyen de faire autrement. La relation est de l’ordre de 1 pour 1 : fabriquez une tonne de ciment, et vous obtiendrez une tonne de dioxyde de carbone.
### Le plastique
On prend du carbone dans le pétrole et on le lie à l’oxygène et l’hydrogène. Le plastique est fondamentalement différent du ciment et de l’acier pour une raison essentielle. Le dioxyde de carbone est un sous-produit inévitable de la fabrication du ciment ou de l’acier, mais quand nous fabriquons du plastique, près de la moitié du carbone reste dans le plastique. (Il y a de grandes variations en termes de pourcentage, selon le type de plastique, mais « près de la moitié » est une approximation raisonnable.) Le carbone adore se lier à l’oxygène et à l’hydrogène, et il n’est pas enclin à lâcher prise. Le plastique peut mettre des siècles à se décomposer. C’est un problème terrible pour l’environnement, parce que le plastique jeté dans les décharges et les océans y subsiste pendant un siècle ou plus. Un problème qui vaut donc la peine d’être résolu : les bouts de plastique qui flottent dans les mers sont à l’origine de bien des ennuis. Entre autres, ils empoisonnent la faune et la flore marines. Mais cela n’aggrave pas le changement climatique. En termes d’émissions, le carbone contenu dans le plastique n’est pas une mauvaise nouvelle. Comme le plastique met beaucoup de temps à se décomposer, tous les atomes de carbone qui s’y trouvent sont autant qui ne seront pas libérés dans l’atmosphère pour y augmenter la température – du moins, pas avant très longtemps.
### Les Greens Premiums
Pour calculer les Green Premiums sur les matériaux, il est nécessaire de comprendre où partent les émissions liées à leur fabrication. Je me représente ce phénomène en trois étapes : nous émettons des gaz à effet de serre (1) quand nous utilisons des combustibles fossiles pour produire l’électricité dont les usines ont besoin pour fonctionner ; (2) ou pour produire la chaleur indispensable aux divers procédés de fabrication, comme la fonte du fer pour faire de l’acier ; et (3) quand nous fabriquons effectivement ces matériaux, comme la production de ciment qui engendre inévitablement du dioxyde de carbone.
Pour la première partie, voir les conseils sur l’électricité.
Pour la deuxième partie, les températures sont tellement hautes qu’on ne peut les atteindre que grâce au nucléaire ou au charbon. Si on prend le charbon, il faut capter le CO2 émis.
Pareil pour la dernière phase, il faut essayer de capter le CO2 qui sera forcément émis à cause des réactions chimiques.
En résumé, le chemin qui mène à zéro émission dans l’industrie lourde ressemble à ce qui suit :
1. Électrifiez tous les procédés possibles.
2. Obtenez cette électricité à partir d’un réseau qui a été décarboné.
3. Utilisez le captage de carbone pour absorber les émissions restantes.
4. Utilisez plus efficacement les matériaux.