Auteur : [[Hans Rosling]] MOC : [[PSYCHOLOGIE]] - [[PHILOSOPHIE]] Source : [[Factfulness]] Date : 2021-11-10 *** ## Le biais du fossé et la comparaison des moyennes Je veux parler de cette tentation irrésistible que nous avons, qui consiste à diviser toutes sortes de choses en deux groupes distincts, souvent en conflit l’un avec l’autre et séparés par un fossé imaginaire – un énorme gouffre d’injustice. Il s’agit de la façon dont l’instinct du fossé crée, dans la tête des gens, le tableau d’un monde divisé en deux types de pays le monde était divisé en deux, mais ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, la plupart des gens se trouvent entre les deux. Il n’y a pas de fossé entre l’Occident et le reste, entre « développé » et « en voie de développement », entre riches et pauvres. Et nous devrions tous arrêter d’utiliser ce genre de division simpliste. 75 % des hommes vivent dans des pays à revenu moyen. Pas pauvres, pas riches, mais quelque part au milieu, et la plupart vivent une vie convenable. Il n’y a que 9 % des gens qui vivent dans des pays à faible revenu. les pays à faible revenu sont beaucoup plus développés que ce que les gens pensent. La population mondiale qui y vit est beaucoup moins nombreuse que ce qu’ils croient. L’idée d’un monde divisé, dont la majorité serait enlisée dans la misère et la pénurie, est une illusion. Un pur préjugé. En un mot : c’est faux. La majorité de la population mondiale ne vit ni dans des pays à faible revenu ni dans des pays à haut revenu, mais dans des pays à revenu moyen. Pour un esprit binaire, cette catégorie n’existe pas. Or c’est là que vit 75 % de l’humanité, pile là où est censé se trouver le fossé. Autrement dit : il n’y a pas de fossé. Il y a encore 200 ans, 85 % de la population mondiale se situait toujours au niveau 1, celui de l’extrême pauvreté. Aujourd’hui, la grande majorité des gens s’étale entre les niveaux 2 et 3, au milieu, avec les mêmes conditions de vie qu’on pouvait avoir en Europe de l’Ouest et aux États-Unis dans les années 1950. À mon avis, les êtres humains ont un très fort instinct dramatique, qui les pousse vers une pensée binaire. On adore dichotomiser. Bien contre mal. Héros contre méchants. Mon pays contre le reste. Diviser le monde en deux camps distincts est simple, intuitif, et aussi dramatique, parce que cela implique un conflit, et nous le faisons donc sans y penser, tout le temps. L’instinct du fossé nous fait donc imaginer une division là où il y a avant tout une palette nuancée, une différence là où il y a convergence, et du conflit là où il y a un accord. Les moyennes nous induisent en erreur dans la mesure où elles masquent une étendue (le spectre sur lequel se distribuent différents chiffres) derrière un seul chiffre. Quand nous comparons deux moyennes, nous risquons de concentrer notre attention sur le fossé qui sépare ces deux chiffres, en creusant un peu plus en profondeur, on obtient une image plus juste, en ne regardant pas seulement les moyennes, mais l’éventail : pas juste le groupe, mais les individus. Alors, on se rend compte, bien souvent, que des groupes apparemment distincts sont en fait superposables. NOTE: Ne pas prendre les moyennes mais reformuler les chiffres même dans un des pays où les inégalités sont les plus fortes, il n’y a pas de fossé. La plupart des gens se trouvent au milieu. La factualité, c’est… repérer les histoires qui parlent de fossés, et se rappeler que ces histoires racontent un monde divisé en deux groupes, avec un fossé au milieu. La réalité, le plus souvent, n’est pas polarisée. Pour contrôler l’instinct du fossé, cherchez la majorité. Méfiez-vous des comparaisons de moyennes. Si vous pouviez contrôler les écarts, vous verriez qu’en réalité les courbes se superposent. Il n’y a probablement pas le moindre écart. Méfiez-vous des comparaisons entre extrêmes. Dans tous les groupes, de gens ou de pays, certains sont en haut, d’autres en bas. La différence est parfois d’une injustice extrême. Mais même alors, la majorité est généralement quelque part au milieu. Le point de vue d’en haut. Rappelez-vous, regarder d’en haut déforme la vue. Tous les autres édifices ont l’air également bas, mais ce n’est pas le cas. d’une façon générale, avec les statistiques, faites attention à ne pas accorder trop d’importance à des différences inférieures à, disons, environ 10 %.) En 1800, environ 85 % de l’humanité vivait au niveau 1, dans l’extrême pauvreté. Partout dans le monde, les gens n’avaient tout simplement pas assez à manger. chaque pays du monde a connu une hausse de son espérance de vie ces deux derniers siècles.