Auteur : [[Edgard Morin]]
MOC : [[SCIENCES]] - [[SYSTÈMES]]
Source : [[Introduction à la pensée complexe]]
Date : 202104151002
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## Le sujet et l'objet
Dans les sciences traditionnelles, depuis [[René Descartes]], on essaye de se baser sur des faits et on ne reconnaît pas le sujet. On essaye de l'éliminer.
La science occidentale s’est fondée sur l’élimination positiviste du sujet à partir de l’idée que les objets, existant indépendamment du sujet, pouvaient être observés et expliqués en tant que tels.
Dans ce cadre, le sujet est le « bruit », c’est-à-dire la perturbation, la déformation, l’erreur qu’il faut éliminer afin d’atteindre la connaissance objective, soit le miroir, simple reflet de l’univers objectif.
Depuis, effectivement, la dualité de l’objet et du sujet se pose en termes de disjonction, de répulsion, d’annulation réciproque. La rencontre entre sujet et objet annule toujours l’un des deux termes : La part de la réalité cachée par l’objet renvoie au sujet, la part de réalité cachée par le sujet renvoie à l’objet.
La subjectivité de la perception :
Il n’y a d’objet que par rapport à un sujet (qui observe, isole, définit, pense),
L'existence du sujet par rapport à ses percetions :
et il n’y a de sujet que par rapport à un environnement objectif (qui lui permet de se reconnaître, se définir, se penser, etc., mais aussi d’exister).
Donc on essaye de procéder d'une manière qui est contraire à la réalité.
Ainsi apparaît le grand paradoxe : sujet et objet sont indissociables, mais notre mode de pensée exclut l’un par l’autre, nous laissant seulement libres de choisir, selon les moments de la journée, entre le sujet métaphysique et l’objet positiviste. Le concept positiviste d’objet fait de la conscience à la fois une réalité (miroir) et une absence de réalité (reflet). ([[positivisme]])
Le sujet est le tout-rien ; rien n’existe sans lui, mais tout l’exclut ; il est comme le support de toute vérité, mais en même temps il n’est que « bruit » et erreur devant l’objet. Le monde est à l’intérieur de notre esprit, lequel est à l’intérieur du monde. Sujet et objet dans ce procès sont constitutifs l’un de l’autre. Mais cela n’aboutit pas à une vue unificatrice et harmonieuse.
DE PLUS,
La biologie de la connaissance nous montre qu’il n’y a aucun dispositif, dans le cerveau humain, qui permette de distinguer la perception de l’hallucination, le réel de l’imaginaire ; il y a également incertitude sur le caractère de la connaissance du monde extérieur, étant donné que celle-ci est inscrite dans des « patterns » d’organisation dont les plus fondamentaux sont innés.
DE CE FAIT : Il faut 2 points de vue : social et subjectif et objectif et logique.
Il nous faut donc un autre méta-système, de caractère logique, qui examine la théorie du point de vue de sa consistance interne.
Il faut concevoir une relation sujet-objet. Celle-ci nous indique que l’objet doit être conçu dans son éco-système et plus largement dans un monde ouvert (que la connaissance ne peut remplir) et dans un méta-système, une théorie à élaborer où sujet et objet seraient l’un et l’autre intégrables.